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Critique de Batman - The Killing Joke

par Culture Geek le dim. 12 juin 2016

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Pour ma 500ème critique sur sens-critique, j'ai décidé de ne pas choisir n'importe quelle oeuvre. J'avais le choix entre "Jurassic Park", "Die Hard with Vengeance", "Fear The Walking Dead", "Gears of War 3" et, bien entendu, "Killing Joke", considéré, par bien des fans, comme LE chef-d'oeuvre concernant l'existence du Joker, et ses méfaits à Gotham City. Sachant toute l'affection que je porte pour le personnage et son némésys ( à savoir le Batman, pour ceux qui seraient perdus ), mon choix n'a pas été très compliqué. Et c'est ainsi que, en 17 ans d'existence, je n'avais encore jamais lu "Killing Joke". Et là, si vous êtes du genre chercheur d'embrouille, ou simplement perspicace, vous devez vous demander "Comment peut-on se prétendre fan du Dark Knight si l'on n'a jamais lu ce comics ci?". Ce serait une question juste et légitime. Nous pouvons donc nous mettre à présent d'accord sur le fait que j'ai un poil plus de crédibilité pour vous parler du personnage. Ce n'est, je pense, une surprise pour personne si je qualifie Alan Moore de simple génie. Nulle personne ( avant lui, je l'entends bien ) n'a jamais marqué avec tant de force et de hargne l'univers des comics : "Watchmen", "V pour Vendetta", "Killing Joke", "Swamp Thing" ou encore "Spawn". Le mec est un faiseur de chefs-d'oeuvre, et en tant que tel, il ne faut pas le prendre à la légère. Et c'est donc dans cette optique ci que je me suis lancé dans la lecture de son "Killing Joke", sachant tout de même à quoi m'attendre ( j'en avais déja vu et lu, par ci par là, quelques planches pour le moins intéressantes ), et un constat s'est rapidement offert à moi : l'écriture est d'or. Mais vraiment, je ne déconne pas. Sachez que ce n'est pas d'or plaqué que l'on parle là, non, c'est du pur, du dur, du Moore dans son authenticité première. Les dialogues débordent de classe et respirent la fluidité, tandis que l'histoire, magnifiquement bien narrée, annonce le résultat final, marquant, inoubliable, à la limite du traumatisme joyeux. Devant tant de talent, il est dur de trouver les mots justes, et leur utilisation pourrait, d'une certaine manière, souiller un peu de ce génie qui transpire de l'oeuvre. Une impression appuyée par le début, complètement dépouillé d'une quelconque lettre, laissant la part belle à l'esthétisme virtuose de Brian Bolland. L'encrage viendra ainsi s'ajouter aux dessins, dotés d'un style particulier et étonnement fins, rendant le tout réaliste et viscéral. Les couleurs, magnifiques et uniques, se révèleront parfaites pour illustrer toute l'ambiguité de l'histoire, et toute la complexité des rapports entretenus par le Joker et le chevalier noir, sorte de frères ennemis, un peu comme Zeus et Hadès avant eux. Car ces deux êtres sont, à n'en pas douter, de véritables forces de la nature, l'hypothèse étant confirmée par ce que ne cesse de répéter le Batman dans sa barbe. Il faudrait également relever que les plans choisis dans chaque case sont virtuoses, et accompagnent un jeu d'ombre d'une rare beauté. Le rendu graphique est donc particulièrement beau et soigné, du genre que l'on croise peu dans le genre. Terminons par les points non évoqués en ce qui concerne l'écriture même. Jamais n'avais-je lu ( ou vu, ou joué, ou assister à ) de pareils flashbacks, tellement intéressants qu'ils en deviennent fascinants. Bien narrés, parfaitement raccordés au présent de l'intrigue, ils démontrent tout le savoir faire, et par là même le talent de son auteur, Alan Moore qui, de ses 35 ans, allait révolutionner l'industrie du comics toute entière, prouvant que l'on peut rapporte une somme astronomique d'argent avec un récit aussi sombre qu'atypique. Car l'autre grand sentiment qui ressort de l'oeuvre, c'est cette folie captée par Moore : on se trouve réellement à l'intérieur de la tête du Joker, et cette entreprise que l'on aurait pu penser suicidaire, s'est avérée native d'un chef-d'oeuvre. Car Alan Moore ne fait pas partie du commun des mortels : ce que l'on pense impossible, il le réalise. C'est un peu le Ethan Hunt en puissance de la littérature graphique américaine, si vous voulez. Et puis, force est de constater qu'il est parvenu à un inventer un passé crédible au Joker, à vrai dire aussi crédible que touchant. Car quoi que l'on puisse vraiment penser du personnage, l'auteur viendra anéantir tous nos apprioris à son sujet, pour finalement nous fournir une vision totalement neuve du personnage, tantôt dramatique tantôt touchante, amenant souvent le récit dans un genre profondément pathétique. Et il est là le principal trait de génie de Moore : fournir au Joker, à ce monstre de sadisme et de sournoiserie, l'humanité qu'il méritait. Bien loin de certains rapports manichéens présents dans les oeuvres du Batman, l'auteur lui confère toute la profondeur psychologique et la réflexion humaine dont il a besoin, le paroxysme se trouvant dans la fin même du comics, qui m'a personnellement fait couler une larme de tristesse, tant le résultat final est d'une infinie beauté. Il fallait oser nous écrire pareille conclusion, à la fois terrible et éminement magnifique. Emouvante au possible, elle constitue ce que j'appelle du "Jamais vu". Car Moore, du haut de son âge moyen, est une nouvelle fois parvenu à innover dans le monde des comics, renvoyant parfois au "Returns" de Miller, et concédant au Joker un nouveau caractère, nous faisant prendre compte que finalement, même le plus grand des criminels peut, à la base, être la plus pathétique des victimes. Unique et troublant, un chef-d'oeuvre intemporel conduisant à de nouveaux thèmes. Le résultat final est magnifique, et constitue un voyage hallucinant, et par delà même halluciné, dans la psychologie si complexe du Joker. Il fallait bien un homme tel qu'Alan Moore pour comprendre toute la difficulté de l'intellect du personnage. Le Joker s'est vu fou et dérangeant; il est désormais touchant et attachant. Grandiose. Magnifique. En un mot? Inoubliable.

En bref

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