Après "Un bol plein de bonheur", Tsuru Moriyama nous revient avec une série bourrée de testostérones, Mon Vieux, une série complète en 3 volumes. Ce manga nous narre le quotidien d'un père de famille, pas comme les autres. En effet, Takeshi Kumada, revient dans la vie de sa femme et de ses deux enfants après 16 ans d'absence. Bourru, peu loquace, mais tendre et protecteur, ce père de famille représente l'archétype du père idéal dans les milieux populaires japonais. Viril et imposant, ce gros dur au coeur tendre va tout faire pour recréer une famille avec les siens. Et gare à vous si vous faîtes du mal à sa famille, un Vieux comme celui là, ça ne fait pas dans la dentelle ! Dans ce premier volume, on découvre les raisons de sa si longue absence. Un père qui aurait aimé être là pour les siens, mais afin de les protéger, ce dernier à préféré les "abandonner". Son retour auprès de sa famille se fait d'entrée de jeu, le passé étant exploité sous forme de flash-back, disséminés intelligemment. Ce père un brut de décoffrage va donc devoir se "faire une place". Les opportunités sont nombreuses vu la situation complexe de chaque membre de la famille. Graphiquement, pour ceux qui ne connaissent pas encore le style de l'auteur, c'est, à l'instar du manga, très brut, très spontané, pas de finesse dans les traits. Cependant, beaucoup d'émotions s'expriment à travers les regards, habillement travaillés. On remarque aussi que l'auteur fait beaucoup d'effort afin d'optimiser au maximum l'aspect effrayant de son personnage (dessins en contre plongée, regards froids voire haineux, ombrage accentué etc...) On prend plaisir à découvrir comment ce père hors norme réussit doucement à s'intégrer près des siens, malgré sa maladresse sentimentale et son manque avéré de communication. Cela rend ce pilier familial d'autant plus attachant et charismatique. A contrario, on pourrait reprocher une facilité scénaristique concernant la réintégration du foyer familial. En effet, la fille a un mari violent, le fils est une victime de racailles du quartier, la femme est une soumise... An bref, malgré ladite facilité, le plaisir de lecture est bien là, et c'est une joie de découvrir une œuvre "réaliste" mettant un scène des rapports humains, simples mais authentiques. Un Gekiga qui commence bien.