Après "L'appart. 305", Kwari continue de nous surprendre agréablement avec une sortie bien différente du reste de leur catalogue et de la production de manhwa en France. "Ce que j'ai à te dire", de Ji-Hoon Jung, possède en plus une particularité intéressante : comme "L'appart. 305", ce manhwa était à l'origine un webtoon, une série prépubliée sur le net. Mais cette édition en volume reliée est une exclusivité française. Une édition de qualité, avec des pages en noir et blanc et en couleurs, sur du papier glacé. La présentation est donc alléchante, d'autant que le synopsis est loin de laisser indifférent. Malheureusement, comme pour "L'appart. 305", si le fond est plutôt intéressant, plusieurs maladresses viennent ternir la lecture de l'oeuvre. En premier lieu, difficile de passer outre certaines lacunes graphiques et de mise en page. La multiplication des cases par page rend notamment la lecture parfois malaisée, avec des textes microscopiques, le découpage brouillon ralentit la lecture et certains passages sont clairement non maîtrisés, comme lorsque le manhwaga tente de mettre en image les brûlures de la mère. Le résultat est assez catastrophique et au lieu d'une personne lourdement handicapée suite à un accident, on a l'impression de voir une sorte de Casimir avec des tâches rondes sur la tête et le cou... Bref, un joli ratage pour un élément important de l'intrigue. Le second point noir concerne justement cette intrigue. Le résumé présent sur MS est bien ce qu'il est : un résumé. En le lisant, vous aurez donc l'intégralité de l'histoire. Une histoire qui fait clairement "too much", tant tous les malheurs du monde semblent s'être entendus pour tomber sur cette famille. La conséquence principale est un réel manque d'empathie pour les personnages, d'autant que certaines transitions sont très mal gérées. Malgré tout, "Ce que j'ai à te dire" est loin d'être déplaisant. Même si de trop nombreux thèmes sont abordés, le titre réussit parfois à attendrir, parfois à émouvoir, parfois à faire rire. D'autant que le travail graphique est loin d'être mauvais, l'alternance couleurs/noir et blanc étant lié aux propos tenus. Tantôt un trait classique, tantôt un trait plus sombre, dans tous les sens du terme. Bref, des éléments très intéressants, mais qui ne peuvent totalement effacer les défauts réels du titre, trop présents sur la durée. Pour les curieux, et ceux aimant les récits pas tendres avec leurs héros.