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Critique de Santa Lilio Sangre

par Pois0n le lun. 7 janv. 2013 Staff

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Santa Lilio Sangre se veut être un artbook un peu à part, de par le style graphique d'Ayami Kojima, bien plus proche de la peinture traditionnelle occidentale que de l'illustration "manga". Autodidacte, l'illustratrice est surtout connue pour avoir travaillé sur la prestigieuse série Castlevania de Konami, dont l'on retrouve d'ailleurs quelques artworks à l'intérieur de l'ouvrage. La première chose que l'on remarque, c'est que Santa Lilio Sangre est avant tout un "beau livre". Couverture rigide, jaquette satinée avec incrustations dorées, papier très épais où les illustrations couleur sont présentées sur fond noir et les monochrome sur fond blanc... Si l'on trouvera le découpage de l'ouvrage assez étrange (travaux classés par "section" où les illustrations monochrome succèdent à celles colorisées, donnant une alternance couleur / noir et blanc / couleur / etc assez déroutante au coeur du livre), c'est bien le seul défaut qu'on puisse trouver. Dans le coin de chaque page, sous le titre de chaque pièce, sont données la technique utilisée et les dimensions de l'original. Même le commentaire de l'artiste à la toute dernière page a été traduit en anglais. Un anglais certes "google trad' " mais l'effort est louable. L'impression est irréprochable, les couleurs et contrastes parfaitement reproduits. C'est un boulot irréprochable de la part d'Asuka Shinsha! Que dire sur les illustrations en elles-mêmes? Si vous avez déjà pu observer le travail d'Ayami Kojima, vous connaissez d'ores et déjà son trait fin, délicat et blindé de détails, très "occidental" tout en conservant un petit quelque chose de typiquement japonais; ses couleurs douces, tantôt froides, tantôt chaleureuses; ses demoiselles envoûtantes, ses personnages masculins tantôt virils, tantôt androgynes; sa faculté à retranscrire vie et mouvement; son talent pour peindre un regard expressif et les cheveux de ses personnages et... son univers glauque et torturé. Car la plupart de ses travaux, y compris les natures mortes (qui n'ont jamais si bien porté leur nom), se veulent inscrits dans le registre du macabre, qu'il s'agisse des personnages ou des décors. Cela peut n'être qu'une très légère touche rendant une pièce envoûtante, au travers de quelques ossements et gouttes de sang, dans des représentations sombres, mélancoliques et romantiques... ou bien quelque chose de bien plus dérangeant, cru et gore, inspirant la répulsion. C'est indéniable, la réalisation de tous ses travaux frôle la perfection et son univers est toujours très cohérent, et rassurez-vous, il est possible de l'apprécier même sans partager sa fascination pour les corps déformés de façon grotesque et les entrailles humaines. Peut-être parce que la démarche artistique est davantage mise en avant, au travers des poses des personnages, sur les pièces les plus extrêmes. Du glauque oui, mais pas "gratuit". Voilà pourquoi Santa Lilio Sangre peut plaire à un très large public amateur d'art, bien au delà des adeptes de culture nipponne, des fans de l'illustratrice ou de Castlevania, tant de par le style graphique traditionnel que par l'univers d'Ayami Kojima. Mais pour la même raison, il n'est clairement pas à mettre entre toutes les mains - âmes sensibles et allergiques au gothique/macabre/gore s'abstenir. Aussi magnifique que dérangeant, aussi intéressant que "différent".

En bref

Quand la beauté et la délicatesse d'un trait japonais "à la sauce occidentale" se marie à un univers torturé, on obtient Santa Lilio Sangre. Magnifique mais dérangeant; à réserver à un public averti, mais élargi à celui des amateurs d'art.

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