L’exploit qu’a réussi Setona Mizushiro avec ce manga, c’est d’avoir imaginé des personnages hautement improbables en ce qui concerne leurs personnalités, et de les avoir mis en scène avec une justesse qui donne à leurs sentiments et réactions une existence authentique. L’émotion, à fleur de peau, explosive ou sous-entendue, possède une crédibilité touchante, dessinée avec un doux mélange de moments calmes et d’autres plus tendus. La lecture reste donc un plaisir permanent au fil de cette chronique de vie pas comme les autres. C’est avec une certaine émotion que l’on voit les personnages connaître des évolutions significatives, prendre de nouvelles résolutions, ou essuyer des déconfitures, redessinant sans cesse leurs relations les uns avec les autres. Et c’est avec encore plus d’émotion qu’on les voit, malgré tout, se manquer continuellement, passer à côté de « quelque chose ». Le meilleur devrait venir dans le tome suivant, car vu la direction que prennent Sohta, Saeko et Elena, les rebondissements s’annoncent bouleversants, et on a hâte de voir comment la mangaka parviendra à les restituer. Dans ce volume, en tout cas, c’est un vrai délice d’assister à la mise en place de tout cela, de suivre les protagonistes s’acheminant dans des directions inattendues pour leur entourage. Et, on le redit, il est touchant de voir que ces métamorphoses ne vont pas toujours dans la même direction pour chacun, et qu’ils s’apprêtent à continuer à se manquer. Ce volume parvient à faire évoluer significativement les choses tout en conservant l’esprit général de la série. Qu’ils courent après des chimères ou qu’ils reviennent à plus de réalité, les protagonistes tournent les uns autour des autres. Très satisfaisant, ce tome charnière conduit vers une suite dont on espère beaucoup, et que l’on attend avec la plus vive impatience.