S'il y a bien un manga que je n'attendais pas c'est année, c'est vraiment Seirei Produce. Seirei Produce, avec son titre incompréhensible et ses couvertures pastel qui ne disent rien de la finesse, de l'humour et du dynamisme incroyables de ce manga. Seirei Produce, c'est l'histoire de Shiina, une fille qui a la fâcheuse manie de détruire tout ce qu'elle touche. Maladresse ? Malchance ? Quoi qu'il en soit, on la surnomme "déesse destructrice"... Sur ces entrefaites, voilà qu'un individu étrange l'aborde. "Tu crois en quelle divinité ?" (...) "Si tu n'es affiliée à aucun dieu, tu vas me vénérer à partir de ce jour." Voilà comment Shiina rencontre Amane, un esprit descendu sur Terre pour devenir un dieu, et donc rassembler des fidèles. Au départ inspiré par le hasard, le choix de ce dernier devient d'autant plus motivé lorsqu'il apprend le surnom de Shiina (et l'interprète au premier degré). Puis, la maladresse de Shiina faisant son oeuvre, les voilà amenés à une drôle de cohabitation... Ce qui rend Seirei Produce si efficace, c'est un délicat dosage d'humour décalé, de situations cocasses, de personnages de caractère aux réactions imprévisibles et de situations inattendues. Les personnages sont très amusants à suivre et attachants, entre Shiina, "têtue et fière", et Amane et son égocentrisme chronique, sa façon de croire que tout lui est dû et son ignorance concrète des usages terrestres. Le style rend également l'humour très efficace, par un découpage et des plans qui savent mettre en avant l'élément humoristique. La mangaka sait faire en sorte que l'on ne s'attende pas au gag, découpant ses planches de telle façon que l'on ne voit rien venir, ou démarrant ses textes "sérieusement" avant que l'on n'en saisisse l'interprétation. Le dessin est très shôjo, dans un genre pas trop lisse, tout en finesse et en détails. On apprécie le fait que la mangaka dessine des décors plus souvent qu'elle ne pose des trames, ce qui accroît la richesse visuelle de son manga. Le trait est régulier et démontre donc une certaine maîtrise. Enfin, notons que le cadre général nous emmène réellement dans le folklore nippon, et à ce titre, nous semble vraiment exotique à nous autres lecteurs occidentaux. Il n'y a pas de romance, du moins pas encore, ce qui là aussi donne une certaine originalité à ce shôjo où c'est avant tout l'humour qui prime. S'il faut définir un coup de coeur comme un titre qui nous a surpris en bien, en titre que l'on adoré alors qu'on ne l'attendait pas, et que l'on souhaite partager autour de soi, alors Seirei Produce est sans conteste un coup de coeur et un manga auquel il ne faut pas hésiter à jeter un oeil, quand bien même sa couverture et son titre ne se démarquent pas particulièrement. C'est un coup de coeur dû à un ensemble d'impressions, qui se recoupant, en font un titre vraiment sympathique qui fait sourire et même rire. La série se termine au deuxième volume, il n'y a donc pas d'engagement durable pour le porte-monnaie. Reste à savoir si le développement est digne de ce début, ce qu'on vous dira très vite, mais quoi qu'il en soit, vous ne vous engagez pas à grand chose en donnant sa chance à ce manga !