Il est toujours sympathique de voir débarquer dans nos contrées les guides et fanbooks des mangas, surtout dans le cas d'une petite série comme celle-ci nettement moins "bankable" qu'un One Piece par exemple. Rien que pour ça, remercions Kurokawa. Lorsque que l'on achète ce genre de produit, on espère surtout y découvrir une mine d'informations croustillantes, de révélations sur les personnages, l'univers, l'auteur, "l'envers du décor". Et c'est malheureusement là que le guide de Secret Service se plante admirablement. Ca commençait pourtant bien, avec de très jolies illustrations couleur, et un rappel rapide du pitch de la série en deux courts paragraphes (qui suffisent à résumer l'intégralité de l'histoire, mais là n'est pas le problème). Viennent quelques explications rapides sur les concepts de l'univers, tel que les héritiers yôkai... C'est sympathique, mais totalement inutile à quiconque lit déjà la série tant ces notions redondantes sont au centre de tout. Viennent ensuite les fiches de présentation des personnages. Là encore, la déception est de mise, car l'on n'y apprendra strictement rien d'inédit, tant dans leurs biographies que dans les compilations de moments "marquants" du manga. Les interviews avec l'auteure à propos de chacun d'entre eux apportent bien des informations fraîches, mais il s'agit toujours des mêmes. Et savoir si les héros préfèrent les chiens ou les chats, la nourriture sucrée ou salée, ou ont du mal à se lever le matin n'est pas vraiment ce que l'on espérait découvrir. Reste le lexique sur les yôkai, à la fin de chaque galerie de portraits, qui lui, s'avère réellement passionnant, livrant des informations sur le mythe d'origine de chaque créature surnaturelle apparaissant dans la série. C'est précisément le genre de chose que l'on espérait lire. On se demandera simplement pourquoi avoir regroupé celà sur des pages séparées, et non pas sur celles consacrées au personnages par exemple, un choix qui aurait été plus judicieux. En parlant de choix douteux, l'interview de l'auteure a été scindée en deux parties par des bonus dessinées par les assistantes de Cocoa Fujiwara. ... Pourquoi? Pourquoi avoir mis ça là? L'interview en elle-même s'étale sur une dizaine de pages, mais est loin d'être longue: les questions sont parfois intéressantes (d'où vient son pseudonyme, quel matériel utilise t-elle...) mais les réponses sont toujours très courtes, et le tout est présenté dans de petites bulles agrémentées de croquis. Résultat, ces 37 questions auraient en réalité pu tenir sur au moins moitié moins de pages... C'est finalement la toute fin du volume qui s'avérera être la plus consistante, avec les croquis préparatoires des personnages et les premières notes de l'auteure à leur sujet. Certains ont bien évolué depuis le concept d'origine, d'autres pas, bref, là est l'inédit, le croustillant que l'on souhaitait découvrir! Seulement 30 pages, pas forcément très riches en texte, sur 170, ça en fait 140 de franchement creuses. Voilà le principal défaut de ce fanbook: le manque de consistance, d'intérêt, de matériau susceptible d'en donner au fan pour son argent. Le lecteur régulier n'apprendra pas grand-chose de neuf dans ce livre, et le simple curieux n'aura aucune raison valable de l'acheter (au passage, spoilers en vadrouille, n'ouvrez ce guide qu'après avoir lu le tome 7!). En réalité, la série principale n'étant elle-même pas bien profonde qu'il s'agisse du scénario, de l'univers ou des personnages, sortir un guide y étant consacré avant même qu'elle ne soie terminée est probablement la véritable erreur stratégique de l'auteure et de son éditeur japonais. Attendre la conclusion de l'histoire aurait sûrement donné bien plus de matière à intégrer dans un volume de ce genre. C'est dommage, les rubriques du produit correspondent aux standards du genre, mais pèchent par leur contenu. En l'état, difficile de blâmer le guide en lui-même: il se contente de meubler l'espace à remplir avec le peu qu'il y avait à y mettre. Il aurait été probablement impossible de faire mieux, voilà pourquoi la note reflète ce paradoxe. La qualité d'édition apportée au volume par Kurokawa est en revanche tout simplement parfaite.