"Lorsque nous vivions ensemble" est constitué de trois gros volumes, de pas moins de 700 pages chacun. Ce manga nous plonge dans le Japon des années 70 et nous fait découvrir le quotidien de Kyôko et Jirô, deux jeunes gens qui vivent en concubinage. Certes, cela n'a plus rien d'étonnant de nos jours. Mais il faut se remettre dans le contexte et s'imaginer qu'à l'époque, c'était loin d'être le cas. En choisissant de vivre ensemble sans être mariés, Jirô et Kyôko défient toutes les règles de bienséance sociale et régulièrement, ils sont "mal vus", méprisés ou rejetés par autrui. Néanmoins, ils choisissent d'entretenir leur amour et de vivre l'instant présent, non sans craintes pour le futur. Le style de Kazuo Kamimura a très bien vieilli et nous plonge sans aucune difficulté dans les problèmes de ce choix à cette époque, avec ses nombreuses craintes et moments de gêne ou de mal-être. Il ressuscite parfaitement l'intensité de la tendresse mais aussi l'anxiété des deux jeunes gens, qui partagent complicité, désirs, disputes, craintes pour le futur. Ce premier volume contient uniquement des passages de vie quotidienne, divisés en chapitres d'environ 25 pages chacun. Soit quand même 700 pages de tranches de vie. Est-ce ennuyeux ? Non, définitivement non ! Aucun chapitre ne se ressemble, et surtout, le style est assez exceptionnel pour faire de chaque chapitre un pur moment d'existence. Le dessin de Kazuo Kamimura est daté, certes, mais il est aussi sobre, sans fioriture, plein d'une grâce concise. Surtout, sa mise en scène possède une expressivité hors normes. Mélanges de narration et de cases silencieuses font ressortir avec beaucoup de force les émotions des protagonistes, même non-dites. Kazuo Kamimura est un auteur à connaître et Lorsque nous vivions ensemble est l'une des ses oeuvres principales, et au vu de la qualité de ce manga, on comprend sans peine pourquoi.