A peine 2 mois après la sortie du sixième et dernier tome de Thermae Romae, les éditions Casterman nous proposent une nouvelle version de cette série récompensée aux MS Awards 2012. Le premier tome de cette nouvelle édition regroupe les dix premiers chapitres de la série, nous aurons donc droit à trois tomes. Comme à son habitude, les éditions Casterman ont soigné leur travail pour nous offrir un objet d’excellente facture avec une couverture cartonnée et rigide comme pour un roman. Le papier aussi gagne en épaisseur et la reliure bénéficie du même traitement que pour la précédente réédition du même style (Quartier Lointain de Taniguchi). Par ailleurs, le sens de lecture a été adapté dans le sens occidental, le tout pour un prix de 25€. Un prix, certes élevé mais à la hauteur de la qualité de l’édition, qui avec ses 376 pages, n’a rien à envier aux romans actuels, édités avec le même soin. Le seul point négatif à noter est la sur couverture qui en plus d’être blanche et donc salissante, est assez fragile. Mais cette réédition reste tout de même une bonne occasion de découvrir l’œuvre pour ceux qui l’auraient manqué. Thermae Romae nous narre l’histoire d’un architecte sur le déclin, Lucius Modestus, dans la Rome antique au début de notre ère. Alors qu’il vient de perdre un travail, il décide d’aller laver sa fatigue aux thermes. Un incident va le transporter dans des bains publics du Japon actuel. L’architecte romain n’en croit pas ses yeux, qu’elle est donc ce peuple qui semble bien plus avancé que l’empire de Rome… A mi-chemin entre le documentaire historique et le fantastique, l’œuvre de Mari Yamazaki nous interpelle dès le premier chapitre. Tout d’abord par son originalité. En effet, on ne peut pas vraiment dire que l'on a l’habitude de voir un manga ayant pour cadre la Rome antique et dont le héros est un architecte de cette période. Le sujet principal tournant autour des thermes accentue cette impression de nouveauté. Par ailleurs, les nombreuses références aux différents lieux et personnages historiques ayant réellement existé finissent de parfaire l’immersion du lecteur dans cet univers. A tel point que lors du premier bond dans le temps du héros Lucius Modestus, nous sommes tout autant dérouté que lui de se retrouver dans le Japon actuel. J’avoue être au départ plus que sceptique sur le fait qu’un manga sur les bains puisse être intéressant. Mais dès les premières planches, on ressent bien tout l’amour qu’éprouve l’auteure pour ces thermes. A travers son héros, le lecteur va pouvoir expérimenter les différentes façons de concevoir ces lieux. Qui sont à la fois des endroits de détente, de rencontres et parfois même d’amusement. Pour ceux qui ne connaissent pas du tout et qui ne l’ont jamais testé au Japon, c’est un véritable parcours initiatique que nous offre l’auteure. Le petit point négatif réside sûrement dans cet aspect répétitif que l’on ressent dans l’enchainement des chapitres. Chacun d’entre eux ayant très exactement la même structure, mise en place du cadre, défis à relever, bond dans le temps, une nouvelle réussite. Ce processus semble tellement bien rodé que les fins de chapitre sont parfois inutiles. Côté artistique, la série possède un graphisme très « européanisé ». En effet, dès l’adolescence, Mari Yamazaki a réalisé de nombreux voyages en Europe pour au final venir étudier les arts en Italie. L’influence de notre culture semble très forte dans sa façon de dessiner les visages de ses personnages. Certains pourraient donc trouver cela trop éloigné du style « manga » traditionnel, mais une chose est sûre, ce style mérite d’être découvert. Bien plus qu’une simple histoire, Thermae Romae est une véritable déclaration d’amour aux thermes et leurs rituels. Tout au long de l’œuvre, le lecteur est invité à prendre un instant de répit au sein des nombreux établissements dépeints dans les différents chapitres. Impossible de résister à l’envie d’aller nous aussi profiter de la quiétude et du bienfait que procure ce genre d’endroit. Une œuvre à découvrir sans aucune hésitation.