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Critique de Enemigo

par Pois0n le ven. 28 févr. 2014 Staff

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Oeuvre codifiée à l'extrême, Enemigo suit les sentiers balisés du film d'action à l'ancienne sans jamais s'en écarter d'un millimètre, ce qui est à la fois sa force et sa plus grande faiblesse... Pourquoi parler de "film" au sujet d'un manga? Parce que les influences de Jiro Taniguchi ne font aucun doute, et lui-même ne s'en cache pas; la BD européenne ayant aussi joué un rôle dans la naissance du titre. Nous avons donc là un manga d'action-aventure brut, dans la lignée des plus purs classiques du genre, s'avérant donc à la fois divertissant mais aussi dénué de toute originalité. Dans Enemigo, rien ne surprend jamais, tout est très téléphoné, les détracteurs pourront même oser dire que l'ensemble pue le kitsch sans être en tord. Faut-il pour autant bouder son plaisir, surtout si l'on est amateur du genre? Heureusement non. Suivre la quête de Kenichi reste plaisant, de New-York aux ruines précolombiennes en passant par la jungle, entre gunfights et magouilles politiques. Tous les clichés du genre y passent, qu'il s'agisse des personnages entre l'ancien camarade de guerre, le dictateur, la -pas si potiche- héroïne qui apporte un brin de féminité au récit; ou du déroulement de l'histoire et ses rebondissements que l'on verra venir à des kilomètres. Mais, il y a un mais (et de taille), la narration est tout en lenteur: ce qui est un atout dans les passages contemplatifs comme la marche dans la jungle est tout de suite beaucoup plus problématique dans les passages d'action. C'est assez mou, en somme... Un réel défaut pour les scènes se voulant un brin épiques, où Kenichi est censé ne pas dépareiller face à un Rambo ou Mc Gyver: affronter des bandes de mercenaires surarmés avec quasi un slip et un couteau (et un chien), c'est censé être plus "mouvementé" que ça. Autre problème: l'absence totale d'émotion dans des passages pourtant clés supposés émouvoir. Toujours cette mollesse ambiante, et le fait que l'on s'attende à à peu près tout ce qu'il se passe dans les pages d'Enemigo n'aide vraiment pas là où un peu d'effet de surprise aurait été bienvenu. Enfin, la conclusion semble précipitée et la fin tombe comme un cheveu sur la soupe. Un peu brutal, surtout après avoir développé quelque chose de finalement aussi simple sur autant de pages: un petit épilogue n'aurait pas été un luxe! Reste le point fort du titre: Little John, le chien! En effet, Kenichi est accompagné du début à la fin par un bon gros toutou s'avérant (un peu trop peut-être) futé et utile au combat, mais aussi source d'humour. Tout au long du récit le lien entre l'homme et l'animal est joliment mis en valeur, pour un résultat certes un peu trop gros pour être crédible, mais néanmoins efficace. Du côté de l'édition, c'est du joli boulot: des pages couleur, une reliure semblant pouvoir tenir la rampe dans le temps vu l'épaisseur du truc, une impression de qualité, des artworks en fin d'ouvrage, des interviews... A qui se destine donc Enemigo? Les fans du genre trouveront la chose un peu trop classique ce qui est selon chacun un atout ou un désavantage... Les autres en revanche, ceux qui ne lisent ou regardent pas ce genre d'histoire tous les quatre matins pourraient se laisser tenter peut-être un peu plus facilement. En somme, tout sauf mauvais, mais très spécial et surtout très rétro: n'oublions pas qu'il s'agit là d'un "vieux truc", d'une oeuvre de genre, intemporelle, clairement à part des mangas habituels. La note suivante reflète les sentiments contradictoires inspirés par le one-shot.

En bref

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