L'histoire fait un véritable bond en avant dans ce second volume de Devil's Lost Soul, qui voit d'abord se conclure le premier arc (en fait une longue introduction à la série) avant d'enchaîner sur la suite du récit, à une époque et avec de nouveaux personnages, ou des personnages qui ont beaucoup changé par rapport à ceux que l'on connaissait ! Si l'histoire est toujours passionnante et sympathique à suivre, la narration confuse nous force cependant à accomplir une perpétuelle gymnastique de l'esprit, ce qui nuit un peu à la fluidité. Ainsi, le chapitre final de « La capitale impériale » se révèle assez difficile à suivre et oblige parfois à des retours en arrière pour mieux comprendre ce qu'il s'était passé à tel moment. Rien de bien dramatique cependant, et avec un peu de concentration on profite d'un scénario vraiment complexe et dense, dont il serait dommage de se priver à cause des petits soucis narratifs. Dans la présentation de cette nouvelle partie, où la situation a beaucoup changé et où d'autres explications deviennent nécessaires, Kaori Yuki mérite plus que jamais son surnom de maîtresse du gothique. Elle dresse en effet le portrait de personnages d'une noirceur fascinante, qui ne sont jamais ce qu'ils semblent être et qui derrière leurs masques de bonne volonté dissimulent en fait les pires sentiments existants : haine, méfiance, mensonge, volonté de trahir... Dans cette atmosphère, c'est avec beaucoup d'intérêt que l'on fait connaissance avec le nouveau personnage qu'est Nonoha, innocente encore mais dont la conception et la situation familiale la promettent d'emblée à un destin tragique. Pour l'instant, son histoire ne revêt pas une immense originalité, cependant les pages se parcourent sans forcer. L'intensité est assez haute en permanence, ce qui fait aussi qu'un manque de rythme se fait parfois sentir, néanmoins l'ambiance générale et surtout la magnificence des dessins fait qu'on bouquine sans bouder son plaisir jusqu'à la dernière page. Devil's Lost Soul reste intéressant mais il est vrai que dans ce tome, on est plutôt dans un passage de transition et on reste dans l'expectative de ce que nous réservera la suite, en espérant qu'elle se montre à la hauteur. C'est surtout le graphisme absolument dantesque, d'une grâce et d'une précision hors normes, et la mise en page à l'esthétisme poussé qui marquent le lecteur dans ce second volume, davantage que l'intrigue.