Une fois de plus, l'émotion est au coeur de ce tome de Lovely Love Lie qui prend le temps de développer plusieurs personnages, dont, pour la première fois, Kaoru de Crude Play qui se découvre une certaine ressemblance avec Yû, tous deux côtoyant un talent plus grand que le sien entraînant une sensation de n'être pas assez bon, une nostalgie de l'"avant" et la perte du plaisir liée au monde du show-biz. Cette série, qui paraissait au début montrer une vision un peu trop idyllique de cet univers, s'est bien rattrapée sur ce plan-là. Elle n'épargne pas les protagonistes, en évoquant notamment le jeu "en synchro" qui est l'équivalent du play-back pour les instruments de musique, et auquel il est fait recours lorsque le musicien n'est pas assez bon pour jouer la composition qu'on lui a proposée. Inutile de dire que l'humiliation est présente, aussi nécessaire soit-elle comme l'explique froidement les professionnels, le rôle du musicien se réduisant alors à offrir une image de beau gosse adulé des minettes, en donnant "l'impression" de bien jouer ou d'être amis avec la bande pour de vrai. C'est avec la force narrative qui lui est familière que Lovely Love Lie met en scène ses sentiments écorchés. On souffre avec les personnages, on ressent vraiment leurs émotions à vifs, leur frustration. Shinya est lui aussi particulièrement blessé par l'évidence avec laquelle tout le monde lui préfère les compositions d'Aki, y compris à l'aveugle. Dans ce monde sans pitié, la relation d'Aki et Riko se révèle extrêmement touchante de par sa naïveté et la "pureté" dans laquelle retombe le jeune homme, qui désire plus que tout plaire à sa nouvelle petite amie. Passionnant, ce tome ne dément pas l'immense qualité de la série. On attend la suite avec impatience.