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Critique de Poison City #1

par Charlie One le jeu. 12 mars 2015 Staff

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Poison City, nouveau manga des éditions Ki-Oon est la nouvelle œuvre de Tetsuya Tsutsui, un auteur reconnu qu’on ne présente plus. Avec cette série, celui-ci aborde un très vaste sujet philosophique : la liberté d’expression. Où commence-t-elle ? Où s’arrête-t-elle ? Quand devient-elle dérangeante, voire nocive… ? Que peut-on montrer ou dire et ne pas dire ? Comment protéger la jeunesse contre la dureté des mots et des images ? La censure peut-elle être une arme adaptée ? Autant d'interrogations, sinon plus, sur lesquelles l’auteur tente d’exposer sa vision des choses en se concentrant sur le parcours professionnel d’un jeune mangaka. Mikio Hibino, 32 ans, vit dans un japon futuriste (2019 pour être précis) dans lequel la vigilance citoyenne et la bonne morale a atteint un extrême tel que tout support d’expression se voit passer au crible par un conseil de « sages » et ou tout dérapage s’accompagne de sanctions contraignantes et pénalisantes. C’est dans ce contexte que ce jeune héros plein d’idéaux - et nous par la même occasion - se retrouve confronté à la dure réalité de son métier et tente de développer son premier manga : Dark Walker. Une œuvre qui bien évidemment a tout le potentiel d’irriter les responsables de la censure. Au travers des échanges de son personnage principal avec les différents acteurs du monde éditorial, Tetsuya Tsutsui a ainsi la dure tache de nuancer et fournir plusieurs points de vue afin de creuser du côté des enjeux inhérents à la censure et la liberté artistique. Pour cela, le découpage de ce premier volume se révèle efficace et maitrisé. Entrecoupés d’extraits du manga de Mikio, les différentes rencontres se succèdent avec fluidité donnant lieu à des échanges illustrés afin de permettre aux différents arguments de prendre concrètement forme et d’éviter l’écueil des tirades interminables pendants lesquels les personnages semblent adorer s’écouter. Si certains pourront trouver ces échanges un peu léger dans leur fond, les réactions des interlocuteurs du jeune mangaka et des membres du conseil de censure paraissent dans l’ensemble crédibles, mêmes pour les plus extrêmes (ce qui est malheureusement une réalité). La caricature n’est en tout cas pas gratuite. Graphiquement, le chara design est travaillé et cela se ressent. La personnalité de chaque personnage est bien retranscrite au travers de leur représentation crayonnée respective, que ce soit celle l’éditeur protecteur ou du membre du conseil plein de dédain. Petit bémol toutefois sur le détail et la variété des expressions du visage qui font parfois défaut. Les plus pointilleux d’entre nous pourraient aller, à certains moments, jusqu’à qualifier le dessin de maladroit. Pour consolider le tout, Tsutsui agrémente son récit d’atouts chocs, à l’image des enfants instrumentalisés dans un combat dont ils ne peuvent saisir tous les aboutissants mais également historiques, ceux-ci permettant à l’œuvre de fiction de réellement s’ancrer dans notre réalité. D’ailleurs, on peut très bien y voir une potentielle et pessimiste vision de l’avenir en découvrant en post face l’histoire très intéressante et, quelque part, effrayante qui se cache derrière ce projet. En résumé, Poison City raconte une histoire engagée, inspirée d’une expérience personnelle qui appelle à la réflexion sur un thème fort et très actuel. Mais celle-ci peut cependant très bien se lire de manière purement récréative, s’adressant alors en particulier aux amateurs de mondes dystopiques. Quoiqu’il en soit, à ce stade, il est difficile de ne pas conseiller la série qui s’offre un départ réussi. N.B. Malgré son épaisseur, la première partie de l’histoire ne couvre que 190 pages de ce tome 1. Un chapitre 0 est inclus, offrant une variante, se déroulant en 2014, du premier chapitre.

En bref

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