Il y a de l’Hugo Pratt dans le dessin et dans l’ambiance ambigüe, un côté Corto Maltese assumée dans le personnage de Mr Bjornson, et dans la retenue du capitaine Tana, dans ses récits désabusés. De l’inventivité dans la mise en page, qui frappe, transfigure le récit, pour lui donner une valeur d’épopée mais aussi de critique de la violence de l’époque (p14-15) Mêlant intrigue de contrebande, récit marin et idylle cachée, ce récit s’annonce très intéressant, diversifié, bien et originalement illustré. Une envie d’embarquer sur ce petit cargo vieux mais fringuant nous prend, sur des flots aux horizons immenses et étrangement calme. La dernière page est une réussite de simplicité, de couleur, de symbolique : ces bateaux qui s’en vont dans des directions semble-t-il opposées, comme les êtres qu’ils transportent, séparés mais liés par l’écriture et la lecture d’un journal passé en catimini. L’immensité de l’océan renvoi à la grande histoire et les petits bateaux aux destins individuels qui la traverse. Bel ouvrage sur lequel je vous engage d’embarquer...