Un petit bijou de mélancolie, candeur, poésie, naïveté, tendresse...servi par des dessins d'une déconcertante simplicité, aux traits épais et aux couleurs ocres. Abélard, jeune poussin du marais, rêverait bien d'un ailleurs mais à quoi bon voyager quand les anciens prétendent qu'il n'existe rien qui souffre la comparaison avec leur chez-eux. Seulement, tout Candide se doit de faire un voyage initiatique, se confronter au Monde, à ses bassesses, sa médiocrité, ses vilenies, sa rudesse. C'est pour décrocher la Lune ou cueillir un bouquet d'étoiles à la belle et furtive Epilie qu'Abélard quitte son marais en direction des Etats-Unis, pays où l'on vient d'inventer la première machine volante. En chemin, il rencontre des saltimbanques, un ours bourru et mal léché... La quête d'Abélard, son incroyable gentillesse, sa propension à tout prendre au premier degré et du bon côté force à l'optimisme. Pourtant, l'ombre plane à m'en donner la chair de poule. Ce voyage sera surement celui d'une maturation mais à voir cette magnifique innocence, on craint les égratignures et blessures à venir. Si seulement il pouvait s'en retourner cultiver son jardin et ne pas y laisser de plumes... J'ai tout aimé: l'histoire, les dessins, les couleurs, le papier...et bien entendu les petits proverbes qu'il sort de son chapeau! J'attends impatiemment le second et dernier tome. Régis Hautière: http://aspirine.canalblog.com/