« Croyez en vos rêves. Ne laissez pas la vie vous démolir ». Abélard, subtil mélange de naïveté et de gentillesse, est parti décrocher la Lune par amour. Pour ce faire il a quitté son doux marais en direction de l’Amérique, car c’est là-bas qu’on a inventé la première machine à voler. Il espère qu’à son bord il sera à même de confectionner un beau bouquet d’étoiles pour la belle Epilie. Chemin faisant, sa douce candeur se heurte à l’âpre monde. Nous l’avons quitté, il y a trois petits mois à peine, sur les routes de campagne en compagnie de Gaston, ours mal léché. Autant dire que tout semble les opposer si ce n’est leur destination et Epilie. Amie d’enfance de l’un, être adulé de l’autre. La philosophie du « tout est beau, tout le monde est gentil » et le chapeau à proverbes d’Abélard se mesurent au cynisme et à l’affliction de Gaston. Lequel l’emportera ? J’ai espéré que le jeune poussin apprendrait à s’endurcir au contact de cet ours grincheux, qu’il serait mieux armé pour se frotter au monde. J’ai également souhaité que l’innocence d’Abélard ravive en Gaston le petit peu d’optimisme, de « folie » qui donne à la vie ses plus jolies couleurs. Je me suis entichée d’eux et les ai accompagnés jusqu’au bout du chemin. Je les ai quittés, les larmes aux yeux, bouleversée comme rarement. C’est une belle histoire. Malgré le peu de temps qui sépare les deux tomes, ce dernier opus n’a pas le moindre défaut. Les dessins, les couleurs, les dialogues et proverbes sont toujours de grande qualité et interagissent à merveille pour boucler ce conte initiatique.