Résumé : voyage en train vers la liberté et trahisons historiques sur un dessin d’aquarelles sensible. Svoboda cela veut dire liberté. Cette série basée sur des faits historiques du périple de ces 70 000 soldats tchèques qui, profitant de la révolution russe s’évadent des camps de prisonniers tsaristes pour rejoindre les troupes alliées afin d’obtenir la création d’une république tchécoslovaque. Cette grande histoire est racontée à travers l’histoire plus proche et quotidienne de deux personnages qui la vivent. L’un d’eux, Jaroslav Chveik tire son nom d’un mix entre l’un des pères fondateurs de la littérature tchèque Iaroslav Hasek et de son héros de roman « Le brave soldat Chveik ». L’autre est Joseph Cerny dit Pepa (le noir en tchécoslovaque, terme désignant souvent les juifs). Le récit s’accroche au journal à deux voix et deux époques du romancier. D’une part en relatant les événements de 1918 à travers le voyage dans ces trains qui n’avancent pas ou peu, et d’autre part le récit de l’artiste peintre, dessinateur, qui reprend la plume, déçu et alarmé par ce qui vient de se jouer à Munich en 1938. Le dessin d’aquarelle est presque doux si on oublie un instant ce qu’il décrit. Paysages esquissés, comme mouvant à la vitesse du train, visages d’ombres et de lumières, couleur pastel de la clarté à la nuit décrivent le voyage en train de deux peuples perdus : les hongrois et les tchèques. Cette représentation tranche avec le dessin plus affirmé lorsque l’on suit le récit de la période avant la guerre dans la gare de Prague. Comme si les sentiments et les certitudes des protagonistes de ces événements n’avaient pas survécu à la guerre. Cette série permet une prise de conscience de ce pan d’histoire oublié, à travers un récit et un dessin qui valent le détour.