Ce premier opus - d’une série qui s’annonce en 4 volumes - bénéficie du trait classique de Serge Fino allié à un long travail de documentation et nous offre un visuel admirablement réaliste du quotidien des pêcheurs bretons du début du XXe siècle décrit par Jean-Claude Boulard dans son roman historique « L’épopée de la sardine, un siècle d’histoires de pêches » et adapté ici par François Debois. Dans le train de nuit qui doit le mener au comité interministériel de la sardine, à Paris, Jos Gloaguen se remémore son enfance, quand âgé de 12 ans il partait pêcher en catimini avec l’équipage de son père afin d’être les premiers à vendre leurs sardines sur le port, lesquelles étaient ensuite envoyées dans les conserveries employant les femmes des marins dont sa mère, rémunérées au « mille de sardines ». Se rappelle quand la sardine manquant, il fut obligé de travailler aux champs et voyait ses concitoyens faire la queue à la distribution de soupe populaire. Se souvient quand arbitrairement, la surveillante en chef de la conserverie amputait la rémunération des travailleuses et que cette pénalisation allait souvent à sa mère car la famille Gloaguen et celle des Guilcher avait un très vieux contentieux. Songe aussi à la jeune et jolie Denise Guilcher qui ne semblait, elle, n’entretenir aucune animosité à son égard, bien au contraire ! Subtil mélange de quotidien âpre, difficile, de révolte ouvrière, de solidarité, de rivalité entre deux familles et de primes amourettes livrés sous forme de flashbacks par un Jos Gloaguen dont on espère qu’il sera aussi bon orateur qu’il est conteur. En plus d’être instructive, cette lecture est très agréable. A suivre.