Waouw ! Je lis depuis pas mal d’années maintenant des BDs. Et cette série en deux tomes (j’espère plus …) m’a remué. L’histoire elle-même tout d’abord. Cette communauté issue des rêves d’un riche philanthrope optimiste qui pensait que l’on pouvait créer un nouveau modèle de société au sein d’un groupe isolé du fracas du monde. Mais on n’est jamais complètement isolé, ni du monde, ni de ce qui fait l’être humain, bon et mauvais côtés de l’individu se côtoyant. Dès que la pyramide de Maslow s’écroule pour atteindre ses premiers niveaux, dès que la faim tenaille, que la menace d’une bête inconnue effraie, les hommes reviennent à leur état primaire, animal. Cela secoue, questionne, dans le bon sens. Et que dire du dessin ? Sombre, inquiétant, terriblement réel sans être réaliste, il propose des découpages et des plans audacieux. La page 33 montre par exemple deux faces du travail : la simple vue d’un œil en gros plan et d’une coulure de sueur transmet l’intensité dramatique de ce qui se joue dans la tête d’un homme ; tandis que les trois cases au dessous, qui sont les trois parties d’une même scène, montrent les conséquences de cet égarement. C’est superbement dessiné, superbement mis en lumière et en couleur. La double page 46-47 est un tableau expressif où le jeté des arbres répond à la précision de la pierre dans une ambiance sombre de veille d’apocalypse. C’est sûr, je suis fan. En bref : suite des mésaventures de ce qui aurait pu être une communauté idyllique, sur un dessin époustouflant. Précipitez-vous.