C’est une lente pérégrination au pas chaloupé des dromadaires à laquelle nous invite cette BD. On y partage la vie d’une unité méhariste française installée dans le Sahara à la fin du XIXe siècle, début XXe pour le pacifier. Ce tome s’attache à un capitaine légendaire et son lieutenant en proposant le récit de ce dernier, à son arrivée dans le poste à la veille de la première guerre mondiale. On y découvre la façon dont le désert a prise sur les êtres, sur leur façon d’être et d’agir. Le dessin, sur un éventail du jaune au brun pour les jours, d’effet bleuté pour les nuits ; offre sa large palette à la description d’un univers riche bien que désertique. Chaque case est un pas de plus, un pas lent et circonspect, vers la compréhension, le partage de la puissance évocatrice de cet univers de sable qui ne pardonne rien. Comme ce jeune lieutenant fougueux, on finit par apprécier la lenteur du récit, qui laisse tout loisir de fouiller les détails des cases, pour en admirer la simple et naturelle recherche de perfection. Dans la ligne d’horizon et le fractionnement entre ciel et sable ; dans les plis d’une selle posée près d’un feu de camp, dans ces images de batailles si bien rendues, on constate la qualité et la pureté du travail d’illustration. Une belle histoire et une belle découverte intensément dessinée.