C’est comme si la bible prenait corps, ou prenait vie sous vos yeux. Faire d’un livre à la fois saint, lu et relu, une aventure historique, un voyage comme n’importe quelle quête ou odyssée, c’est le défi relevé par les scénaristes et le dessinateur. Le dessin donne la profondeur et le mystère indispensable. Le texte est parfois un peu verbeux, collé à la traduction Segond. Cela lui donne par contre sa légitimité. Difficile de trouver le juste équilibre face à un tel sujet. Les doubles pages sont impressionnantes tels les tableaux anciens de l’art religieux, empreints plutôt que de foi, d’une grande crainte. Les jeux de lumière sont de cet ordre. Le personnage central du livre est le bénéficiaire d’une alliance personnelle avec Dieu qu’il essaie de faire partager à son peuple avec des réussites et des échecs. Le Dieu représenté est un dieu cruel, qui n’hésite pas à faire s’entretuer des familles entre elles pour apaiser son courroux. Cette BD est une façon de rendre plus accessible un texte complexe en représentant la vie d’un peuple errant, hésitant devant l’inconnu apeuré comme nous pouvons l’être. A chaque page il faut remettre le récit dans son contexte sémitique qui ne s’occupe pas comme nous autres cartésien du comment mais s’intéresse au pourquoi. Le tome se clôt sur la description du premier temple de toile qui accueillit l’éternel. Un beau récit mis en lumière et en mouvement par un dessin profond et respectueux.