11 septembre 1973. Salvadore Allende, président du Chili, est renversé par un coup d’état monté par un certain général Augusto Pinochet. Coup d’état qui n’aurait pas été soutenu officiellement par le gouvernement Nixon mais uniquement financé par le secrétaire d’Etat Henri Kissinger dans le cadre de la lutte anti-marxiste livrée par les Etats Unis dans le Sud du continent. Mina, Clara, Anastasia et Rosa sont quatre –très belles- femmes, quatre amies, toutes mues par l’idéal socialiste prôné par Allende. En 1969, elles éprouvent leurs convictions dans la jungle bolivienne, au sein de la guérilla. En 1973, elles regagnent leur Chili natal balloté entre idéal de justice sociale et peur de devenir l’ennemi marxiste n°1 des très puissants Etats-Unis. C’est au travers de ces quatre amies que les auteurs de « Kissinger et nous » nous proposent de revivre le coup d’Etat qui fut à l’origine de près de seize années de dictature. Quatre personnages féminins dont on appréciera la complexité autant que l’engagement. Haletant bien que dense, ne souffrant aucun temps mort, sautant ingénieusement d’une époque à l’autre, d’une héroïne à une autre, ce récit imbrique habilement petites et Grande histoires. Au fil des pages, à mesure que la situation se dégrade, la tension se fait de plus en plus forte. Ce roman graphique traduit parfaitement l’ambiance tragique et angoissante de l’époque. Le style graphique de Bruno Rouyère, un peu rétro mais très glamour est particulièrement en phase avec le tout. Un premier tome dont j'attends la suite.