Cet ouvrage très réussi nous parle de beaucoup de choses. In nous apprend ou nous rappelle les milliers d’assassinats de ces anonymes morts sous les balles ou les bombes de l’E.T.A pour que cet organisme mafieux puisse perdurer et soit finalement reconnu. Les tueurs sont absous, les victimes oubliées. Il nous parle aussi de code d’honneur, qui pousse un homme à rester enfermé 30 ans pour un autre, à honorer un engagement fait à un client mort depuis, quitte à y laisser peut-être lui aussi la vie. Pour narrer et décrire cette violence il y a un texte, parfois doctoral, souvent poétique, toujours apprenant. Le scénario se lit comme un fait divers réel, mi roman, mi reconstitution. Le dessin possède une grande puissance évocatrice, peut-être parce qu’il ne cherche pas à être trop réaliste, peut-être parce qu’il a ce côté sombre et épuré qui résonne en écho à l’histoire qu’il raconte. Une histoire qui montre bien les rouages politiques et les compromis qui broient les vies dans une guerre infâme pour une hypothétique paix. Un électrochoc salutaire pour tous les séparatistes ainsi mis à nu.