Une BD mettant en vedette la rencontre d'un grand violoniste classique et d'un domestique noir en plein période coloniale (1930) ne pouvait que m'attirer. Surtout que j'ai connu Eugène Ysaÿe à travers des enregistrements (pas forcément très bons puisqu'il est mort en 1931). L'autre protagoniste de cette histoire s'appelle Tourne-disque, on ne lui connaîtra pas d'autre nom. Depuis presque 40 ans, son rôle dans la maison du neveu d'Eugène est de passer les disques 78 tours sur un gramophone... Il faut expliquer aux plus jeunes que les 78 tours étaient très épais, très fragiles et très courts en durée d'écoute : 1 face faisait entre 3 et 5 minutes. Vous imaginez le nombre de disques qu'il fallait pour une symphonie de 45 minutes (5 au moins) et pour un opéra de plus de 3 h (18 et plus)!! Evidemment, la rencontre est imaginaire, mais elle est si belle que j'aimerais qu'elle ait vraiment eu lieu. Car, à force d'écouter les disques, Tourne-disque a acquis une grande sensibilité musicale qui va fortement étonner Eugène quand il le compare mentalement à ses étudiants du conservatoire. Les connaissances musicales des auteurs sont sans doute solides au vu des citations faites... Je regrette juste un peu un manque de références (je n'ai pas tout reconnu). L'amour et le respect qu'ils ont de la terre africaine et de ses habitants (voir leur précédent livre : le montreur d'histoires) transparaît à travers le scénario et les images. Les dessins de Raphaël Beuchot sont lumineux et chaleureux. Il serait dommage de passer à côté de ce moment de bonheur et de complicité entre 2 personnes à priori si différentes!