En bref : chronique sociale sur l’enfer des migrants. Bekame nous dépeint, en deux tomes, la vie des migrants qui ont pour objectifs de passer en Angleterre mais restent bien souvent bloqués et exploités en France par leurs passeurs. Il nous introduit aussi dans l’univers de ces passeurs, recrutés parmi les migrants pour payer leur propre voyage, dont la dureté est en rapport avec leur désir de passer la manche pour avoir, pensent-ils, une vie meilleure. Bekame c’est aussi la vie d’un jeune garçon balloté au milieu de tout cela. Ce deuxième tome apporte peu de choses par rapport au premier, mais clos cette histoire édifiante d’une humanité rêvant de paradis européen et qui souvent s’en retourne chez elle moins riche et plus désespérée qu’en partant. Le dessin est intéressant, souvent figuratif, donnant une place particulière à la lumière ou à son absence. Les scènes de nuit sont particulièrement bien rendues. Il sait dépeindre ce quotidien un peu gris de centre commercial en relais routier, de commissariat en campement de fortune dans la forêt, avec une juste empathie. Békame décrit un univers en suspension entre la misère laissée et la richesse espérée, en forme de reportage au plus près de ces hommes et femmes exploités et déshumanisés par tous pour mieux les oublier.