Genre : biographie contradictoire romancée Dans la période d’après-guerre où bien des collaborateurs sont devenus des héros résistants, il est difficile de faire la part des choses entre héros et salaud. Kersten, le médecin d’Himmler est-il un homme complaisant, au service d’un régime inhumain ayant mené les plus grands génocides ou un résistant simple et effacé ayant sauvé de nombreuses vies ? C’est ce que ce premier tome du diptyque introduit, la question à jamais renouvelée de l’être humain face à des choix exigeants, risquant de perdre sa vie ou son âme, par lâcheté ou par honneur. Le dessin, très âpre, exigeant, sans concession de fantaisie, très pays de l’Est avant la chute du mur pourrais-je dire, accroit la densité dramatique du récit. Héros ou salaud, il ne faut pas grand-chose, quelques pressions politiques et une virginité d’état à retrouver après avoir pactisé avec l’ennemi, pour qu’un destin bascule, pour qu’aux honneurs peut-être mérités, fasse place un opprobre coupable. Un livre qui au-delà du personnage qu’il décrit, dépeint l’histoire de cette terrible période sur un mode et des teintes peu évoqués.