Ce qui touche d’abord dans cette BD c’est le dessin. Il possède à la fois l’ingénuité et la simplicité perçue d’un dessin d’enfant aux crayons de couleurs, allié à la maîtrise technique de l’artiste. On entrevoit tout le travail pour arriver à ce résultat de fluidité et de simplicité apparente. Il ne s’agit pas, par contre, d’un ouvrage pour enfants. La BD raconte les derniers mois d’Escobar, démiurge milliardaire, patron célèbre d’un cartel colombien. Il garde jusqu’au bout l’appétit insatiable d’un enfant devant une vitrine de Noël, l’intelligence perverse et la violence d’un parrain qui a usé de tous les moyens pour assoir sa puissance. Trop prétentieux, trop sûr de lui, arrogant, il ne se laisse dicter sa conduite par personne, y compris les tous puissants Etats Unis. Il finit donc par s’attirer les foudres conjointes des USA, de ses concurrents et du gouvernement colombien. Vérité historique ou romancée, ses alliés de circonstance usent des mêmes armes et des mêmes dérives, crimes, enlèvements, tortures, bombes, pour isoler Escobar et finir par l’abattre. Finalement, leur extrême violence frappée d’illégalité, ferait presque d’Escobar une victime plutôt qu’un bourreau. Surtout que, finalement, deux nouveaux cartel remplacent celui qui tombe et la drogue colombienne inonde toujours les USA et l’Europe. Un récit cru et sans concession, pour une figure dont on n’a surement pas encore fait le tour.