Batman a une mythologie vaste, certes, mais certains évènements sont incontournables. « Un deuil dans la famille » fait partie de cette catégorie. Pourquoi ? Cet arc met en scène l’une (si ce n’est la) des pires tragédies qui voit l’acolyte de la chauve-souris, Robin, mourir suite à un affrontement avec le Joker. Evidemment, ce décès va laisser des traces sur le chevalier noir… Robin jouit d’une belle renommée en France. Ce costume a été porté principalement, à ce jour, par 4 personnes : Dick Grayson, le plus connu, qui a été le premier sidekick, maintenant devenu Nightwing ; Jason Todd, un ancien voyou ; Tim Drake doué de talents d’enquêteur et plus récemment, Damien Wayne, le fils de Bruce (cf. Grant Morrison présente Batman). Cette édition s’intéresse à la chute du second et à l’intronisation du troisième. La première est donc focalisée sur Jason Todd, représentant un Robin plus sauvage et dissipé, qui apprend que sa vraie mère est vivante et va donc aller la retrouver mais le Joker le rencontrera durant sa quête qui amènera ce que nous savons tous. Cette partie a été, à mes yeux, vraiment passionnante car elle amène plusieurs sujets peu abordés à cette époque sur le tapis : le duo va être confronté aux terroristes en Irak, vont voyager en Ethiopie, le Joker aura un rôle très particulier politiquement parlant et évidemment la mort de Jason qui, soit dit en passant, meurt d’une cause à laquelle je ne m’attendais pas. Jim Starlin réalise donc un bon petit récit rythmé bien porté par l’impatience de découvrir le sort final du second Robin et des idées intéressantes. La seconde, portée par Marv Wolfman, se concentre sur l’arrivée de Tim Drake qui souhaite aider Batman effondré par la perte de Jason et, par conséquent, devenu bien plus sombre depuis qu’il est redevenu seul : un arc bien moins prenant avec une situation qui prend son temps pour se décanter peu aidée par une narration un peu lourde typique d’époque et des choix faciles. Cela dit, on note l’attention portée sur l’introduction du nouveau Robin moins turbulent et plus réfléchi avec des qualités indéniables de détective. Ce qui est appréciable sur l’ensemble des 2 parties est le rendu visuel qui reste très agréable, Jim Aparo et Georges Perez aux crayons, la fine fleur des fins des années 80, font des planches toutes aussi belles les unes des autres même si les couleurs et les costumes restent kitchs. Mention spéciale à Georges Perez qui reste tout de même un ton au-dessus et mérite le coup d’œil pour ceux qui ne le connaisse pas sur le titre des New Titans. Editorialement parlant, c’est un quasi sans-faute. On est servi avec des préfaces expliquant clairement comment s’est décidé le sort de Jason Todd et la création de Tim Drake permettant de bien saisir l’envers du décor, le papier est bien adapté aux couleurs et quelques bonus sont présents notamment la planche alternative de la fin de la saga du second Robin. Seul couac : la couverture que je trouve repoussante, pourquoi ne pas avoir gardé celle qu’avait choisi Semic Comics qui était autrement plus jolie et dégageait une vraie prestance ? Un deuil dans la famille est donc un incontournable qui permet de redécouvrir la perte du second Robin et la naissance du troisième. Autant dire que c’est un passage obligé pour toutes personnes qui souhaitent découvrir le passif de Batman qui laissera sa marque pour toujours dans son histoire mais aussi dans l’histoire du comics suite à la procédure éditoriale surprenante.