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Critique de Dead letters #2

par bulgroz le jeu. 3 mars 2016 Staff

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Au début du tome, à la question de Sam : « il y a combien de gangs Ici ? », Maia répond : « Les deux plus gros sont comme des rats, mais il y a un tas de souris qui se bousculent pour ramasser les miettes ». On serait presque tenté d'y voir une allusion au monde de la bande-dessinée outre-Atlantique. Non ? Quoiqu'il en soit, par « les deux plus gros », comprenez surtout les deux gangs se partageant Ici. Et quand je dis « Ici », je parle bien du nom par lequel sont désignées les Limbes, puisque c'est Ici que nous avions laissé Sam à la fin du premier tome : dans le Purgatoire. Nous retrouvons donc sans surprise Sam, âme perdue errant dans le Purgatoire à la recherche de ses souvenirs « d'avant », de quand il était moins mort… Puisqu'en définitive, ce qu'il y a après la mort ressemble à s'y méprendre au monde des vivants. Sauf qu'on n'y meure pas. Grosse nuance tout de même. On n'y meure pas, mais on peut y être « éparpillé », si notre agresseur dispose de l'outil adéquat. Et c'est justement de ça dont il est question dans ce tome 2 : Sam - secondé par les nouveaux personnages que nous sommes en droit d'attendre d'un tome 2 – doit enquêter sur une série d'attentats visant les âmes fraîchement arrivées. Mais qui sont les « Saints de nulle part », cette cellule terroriste disposant de moyens tout à fait hors-normes, même Ici ? L'univers fantastique développé parfois confusément et fébrilement au premier tome, est cette fois-ci bien en place. Les auteurs nous proposent donc d'approfondir nos connaissances du Purgatoire et de son organisation. Il fonctionne en définitive comme une ville occidentale – on regrettera la vision très ethnocentrée de l'au-delà -, avec ses quartiers chics et sa banlieue. C'est d'ailleurs dans cette dernière que se déroule majoritairement l'action. On perçoit sans mal la critique faite par l'auteur de la société des Limbes, et donc de notre propre monde. Un peu facile peut-être. Et l'on en vient parfois à se poser la question de la pertinence de la transposition d'une histoire de guerre de gangs dans un cadre fantastique... L'intérêt de l'immortalité nous est déjà enlevé au premier tome, cette fois-ci encore plus ; restent l'atmosphère, les personnages et les décors qui, parfois, nous rappellent que non, il ne s'agit pas de Chicago ou de Baltimore mais du Purgatoire… Les banlieues des métropoles américaines ne seraient en fait que des espaces intermédiaires, dans lesquels les âmes errent dans l'attente d'autre chose. Mais de quoi, du coup ? Là est peut-être le discours des auteurs. On ne pourra pas leur reprocher de surexploiter l'idée de base malgré l'étendue des possibilités, certaines bonnes trouvailles (les objets qui disposent d'une mémoire propre par exemple) semblent même un peu délaissées et c'est dommage. Finalement, Christopher Sebela n'offre dans ce second tome qu'une histoire assez simple. Une aventure avec son lot de rebondissements et de retournements de vestes plus ou moins bien amenés. Le personnage principal va de rencontres en découvertes sans réelle fantaisie, semblant même parfois tourner un peu en rond... J'ai en revanche apprécié la tonalité sombre se dégageant du comic. L'usage des récitatifs est bien plus pertinent que dans le premier tome, la mélancolie de la voix off contraste avec la violence des scènes, ici, il n'est plus question d'ellipse mais de suggestion. Le dessin, lui aussi, semble avoir trouvé son rythme de croisière, et bien que toujours aussi déroutant par moments, il laisse deviner une grande maîtrise du tracé et de la composition – qu'on avait devinée -, mais aussi des couleurs : la palette est toujours très vive - ce qui empêche l'ensemble de tomber dans un excès de noirceur et de morosité -. Les effets sont également très réussis et les cases moins « brouillonnes » que dans le premier tome. Dead Letters semble devoir mûrir encore un peu, le rythme n'est pas tout à fait trouvé et ce deuxième tome laisse l'impression que les auteurs n'osent pas se lâcher totalement, comme s'ils choisissaient de ne prendre que des risques très mesurés. Enfin... surtout du côté du scénario, car Chris Visions semble s'éclater pas mal au dessin !

En bref

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