Nous voici arrivé au quatrième et dernier tome du titre Ghosted imaginé par le scénariste Joshua Williamson. Fausse mini-série un peu bancale devenue série régulière à la demande de l'éditeur Image Comics, Ghosted n'a eu de cesse d'essayer de coller à son pitch d'origine, 'Ocean's 11 se déroulant dans une maison hantée', sans jamais y parvenir. Récit de braquage jamais très ingénieux ou conte horrifique rarement effrayant, la série s'est pourtant construite sur de bonnes bases, notamment avec le voleur de l'occulte Jackson T. Winter, anti-héros bienvenu à une époque où la figure principale du genre, le John Constatine de Hellblazer, n'est plus que l'ombre de lui-même à jouer les amoureux transis dans Justice League Dark. Pour dissiper les brumes d'une lecture 'potable mais rapidement oubliée', il fallait donc que Joshua Williamson redouble d'effort à l'aube de son grand final. Pour le coup, le scénariste a la bonne idée de fomenter un dernier casse fumant : dérober la Mort de son pouvoir. Arrivés dans une ville fantôme récemment créée, le détestable Jackson Winter et sa clique sont piégés par leurs ennemis, Markus et le Maestro, qui ont joint leurs forces pour ouvrir un portail vers l'au-delà. Le suicidaire Winter a-t’il une dernière carte à jouer ou se contentera-t-il de marcher vers la lumière blanche ? Malheureusement, la réponse se trouve plutôt dans la deuxième solution. L'intrigue de cette dernière aventure se déroule sans anicroche jusqu'à la rencontre de Jackson avec la Mort. Pas d'entourloupe, pas de tour de passe-passe ni aucune péripétie pour secouer, même gentiment, cette dernière aventure souffreteuse qui avance inexorablement vers sa conclusion (à l'instar de son héros qui ne sait pas trop s'il doit se coucher ou rester debout après avoir été poignardé). Au dessin, Williamson change de collaborateurs. Si Goran Sudzuka et David Gianfelice ont assuré la partie graphique sur la majorité des 15 premiers numéros, ce quatrième recueil fait place à deux nouveaux dessinateurs. D'abord Juan José Ryp, artiste aux panoramas très détaillés qui se revendique comme l'un des successeurs de Geof Darrow, met judicieusement en scène le massacre qui ouvre ce volume avant que le dessinateur européen Vladimir Krstic Laci (qu'on a pu voir à l'œuvre sur Sherlock Holmes & les vampires de Londres dans l'hexagone) ne vienne conclure en bon remplaçant de Sudzuka duquel le style sobre et expressif, quoi que plus ombré, ne dépareille pas. « Ghosted – Tome 4 : Ville Fantôme » est la conclusion décevante d'une série pétrie de bonnes intentions. Une série qui manque furieusement de 'twists' et de surprises et qui ne compense pas forcément par le soin apporté aux personnages (les vilains se contentent d'être des vilains, sans grande individualité par exemple) et, ce, malgré une prestation graphique de très bonne facture. Une "série potable mais rapidement oubliée".