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Critique de The Goon #13

par Jack! le jeu. 28 avril 2016 Staff

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Le secret avait été plutôt bien gardé par les fans de la série, surtout en France, mais le 13ème volume des aventures de The Goon, intitulé "Malchance, Impair & Manque", marque la grande conclusion de la série sur le gros bourru et son compère Franky après 16 ans de longs et boyaux services (et beaucoup de rigolade en chemin). Si cette révélation vous surprend, imaginez ce qu'a pu penser l'auteur, Eric Powell, qui ne le savait pas lui-même lorsqu'il a commencé à plancher sur ces deux dernières histoires que Delcourt a le bon goût de publier d'un seul trait. L'intrigue voit le Goon faire des alliances (mal)heureuses lorsque la petite bourgade de Lonely Street est attaquée par la Clique des Corbeaux, les frères occultes de son plus grand ennemi : le Prêtre Zombie. La question n'est donc plus de savoir si ce nouveau tome de The Goon est une bonne fournée mais si la "fin" est à la hauteur de nos attentes? Eric Powell n'a jamais caché son ambition de raconter des histoires plus "finaudes" sous le marasme d'humour scatophile et les bourrinades gratuites. Le meilleur exemple étant le sixième volume de The Goon, ''Chinatown'', qui revenait sur le passé mystérieux de l'armoire à glace et sur sa relation avec son premier et unique amour. "Malchance, Impair & Manque" est un peu du même tonneau, une histoire plus tragique qu'à l'accoutumée, un peu trop même, mais qui touche au cœur du personnage en le dépouillant, coup sur coup, de tout ce qui le rend attachant pour ne laisser que ce simulacre de créature du Docteur Frankenstein, cicatrices à l'appui. Orchestrant la grande déchéance avec un œil sur les vieux films de la Hammer, l'artiste se permet quelques expérimentations graphiques et astuces narratives bienvenues, comme lorsqu'il s'amuse à ré-interpréter “L'île du Docteur Morrow” de H.G. Wells pendant tout un chapitre, développant le soulèvement des hommes-bestiaux en parallèle à la chute du héros. Coté dessin, Powell nous a habitué à la diversité et "The Goon, Volume 13" n'échappe pas à ce constat. Que ce soit en laissant ses planches brutes ou en poussant ses crayonnés ; en tentant de nouvelles techniques de colorisation (souvent primaire) ou d'encrage (à l'encre blanche) ; l'artiste travaille au grès de ses envies, souvent plus par commodité que pour servir le récit. Mais force est de constater que The Goon reste un sacré panaché visuel. Ironiquement, ce douloureux "au-revoir" est parsemé de ce que l'on appelle des ''flashbacks'', sortes d'Origins Stories qui viennent émailler l'ambiance morose de l'histoire. C'est ainsi qu'on apprend à connaître tardivement certaines figures redondantes comme le Zombie rusé Willie Nagel, la belle Mirna, Kid Gargantua et même à découvrir ce qui se cache sous les canalisations de Lonely Street. Et ce n'est pas surprenant si Eric Powell creuse enfin au cœur de la ville puisque c'est avant tout en elle que réside la conclusion. Reste une "dernière aventure" de The Goon qui surprend par son ton résolument plus sombre mais qui se loupe parfois dans les détails. On tiquera sur l'absence de l'acolyte Franky (qui s'explique probablement par l'ambiance du récit) ou la progression abrupte de certaines péripéties qui auraient gagné à être préparées plusieurs mini-séries à l'avance. C'est le cas avec l'introduction de Ramona ou le retournement de Kid Gargantua, deux personnages dont les trahisons respectives auraient pu être prises comme une véritable blessure si le lecteur avait eu un minimum de confiance en eux. Oui, "Malchance, Impair et Manque" est bien la fin d'une aventure, une saga qui avait tendance à se satisfaire d'exister sans plus d'ambition, autant pour nos deux héros, Goon et Franky, que pour le créateur, Eric Powell. C'est pourquoi ce dernier a décidé de prendre le taureau par les cornes et de se concentrer sur sa propre maison d'édition : Albatross Funnybooks. C'est donc aussi le début d'autre chose, quelque chose de neuf, suggéré en partie par l'arrivée des mystérieux "Seigneurs de la Misère". Et ça, c'est une bonne nouvelle !

En bref

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