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Critique de MPH

par bulgroz le mer. 18 mai 2016 Staff

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Mark Millar est sans doute l'un des scénaristes les plus en vue du moment, et pas uniquement parce qu'il signe alternativement chez DC (Red Son) ou Marvel (Civil War) des œuvres comptant parmi les principaux succès commerciaux et/ou critiques, mais aussi parce qu'il est régulièrement mis à contribution par Hollywood afin de dispenser des conseils à propos d'adaptations cinématographiques (mais pas que). D'ailleurs, quelques une de ces œuvres ont elles même été adaptées pour le grand écran ; pour le meilleur (Kick-Ass) comme pour le pire (Wanted). Mark Millar annonçait dès 2013 sa volonté de créer « son propre univers Marvel », dans la continuité du lancement du « Millarworld » en 2004… Quoi qu'on en pense, une sortie de Mark Millar est toujours attendue. MPH ne déroge pas à la règle. Dès sa sortie, Lorenzo di Bonaventura, le producteur de Transformers (entre autres) a annoncé son envie de s'occuper de MPH… Et à la lecture, il est vrai que l'adaptation au cinéma semble logique. Pas forcément souhaitable, mais logique. MPH, c'est l'histoire d'un jeune américain habitant de détroit, qui après s'être fait arnaquer, finit en prison où il se voit proposer une drogue peu commune. Une drogue lui permettant d'atteindre une vitesse inouïe pendant une dizaine d'heures. Doué de ce super-pouvoir, il se chargera de réparer les injustices dont il a été victime, à la manière d'un Robin des bois, mais aussi pour son plaisir personnel (et le nôtre aussi). Détroit est une ancienne ville industrielle ayant fait fortune grâce à l'automobile. Aujourd'hui, elle est sinistrée, de nombreuses maisons sont abandonnées, la drogue et le crime font partie intégrante du paysage. Autant de thèmes présents dans MPH afin d'ancrer le personnage principal dans une réalité proche de la nôtre, et j'avoue qu'on s'identifie assez rapidement. Millar fait quelques clins d’œil aux big two, des allusions à Marx et Engels etc. Autant de détails qui font également de MPH un comic-book à plusieurs niveaux. Ce à quoi je ne m'attendais pas vraiment en attaquant la lecture. Le rythme du récit est à l'image de son sujet, extrêmement rapide. Le tout est mené tambour battant, les dessins de Fregedo (Hellboy) et les couleurs très vives de Peter Doherty accentuant cette idée de vitesse, d'effervescence. Bref, une belle unité entre les trois auteurs. Le thème de la vitesse dans les comics n'est pas nouveau, on pense tous à Flash, évidemment, et il n'est jamais bien loin. Millar parvient pourtant à s'en libérer sans peine en innovant, en apportant de la fraîcheur et un côté fun à l'expérience de ce super-pouvoir. Comment représenter la vitesse en bande-dessinée ? Voilà un défi intéressant pour les auteurs. Et pour le coup, ils ne manquent pas d'imagination : faire des cases noires quand le personnage est en intérieur car il va plus vite que la fréquence de l'éclairage par néon… Ces petits détails m'ont particulièrement plu. Même si nous ne disposons pas d'informations précises sur la vitesse réelle du héros, nous savons qu'il traverse les États-Unis d'Ouest en Est en moins de quatre minutes (sans compter les pauses déjeuner et autre). Son pouvoir n'a pas de limite, il peut apprendre la musique et lire aussi vite qu'il le veut. Millar n'entend pas se laisser brimer par la science : comment peut-il entendre s'il va plus vite que le son ? Voilà une question abordée, aussitôt réglée sans explications. Les incohérences sont tout à fait assumées, et personnellement je préfère ça à une théorie foireuse. C'est beaucoup plus drôle. MPH, c'est du divertissement. Pour les lecteurs bien-sûr, et pour les auteurs aussi apparemment. Mais ce n'est pas que ça. En arrière-plan, restent toujours les questions liées à la drogue, au crime à la prison et bien-sûr la crise financière. Autant de thèmes qui nous ont déjà apporté des héros comme Eminem, Jeff Mills, Sixto Rodriguez ou la Motown ! Mark Millar réalise ici encore une fois un one-shot extrêmement bien ficelé, dans lequel rien ne dépasse. C'est un comic vivifiant. Le fait d'avoir choisi un personnage « lambda » de le doter de super-pouvoir est évidemment un bon moyen d'accroche pour le lecteur, la fin n'étonne pas vraiment mais bon. On a ce qu'on est venu chercher, une feel good story tout à fait agréable.

En bref

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