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Critique de Harrow County #1

par Marko le dim. 24 juil. 2016 Staff

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En se tournant vers la voie du genre horrifique, Cullen Bunn se montre bien plus en forme que sur ses travaux mainstream, en retrouvant pour l’occasion son collaborateur Tyler Crook (The Sixth Gun, B.P.R.D). Sous la forme d’un conte qui renvoie à l'horreur gothique, le scénariste aborde le sujet de sorcières, qui revient un peu à la mode ces temps-çi (l'excellent film The Witch, la série Wytches de Snyder). C’est surtout le sous-titre qui est révélateur de la teneur du récit (renvoyant à l’oeuvre inachevée de Bunn) puisque le terme sudiste « haint » est utilisé pour désigner un fantôme ou une âme errante. De ce point de vue là, la série n’en manque pas, et l’équipe créative ne manque pas d’imagination pour les dépeindre et leurs donner une allure mémorable (en particulier le jeune garçon séparé de sa peau mais avec laquelle il conserve un lien). Le scénariste a choisi de situer son récit dans l’Amérique rurale du sud des Etats-Unis, en exploitant l’idée de ce lien viscéral très fort entre les habitants et leur terre, sans qui ils ne seraient rien. Il n’est donc pas étonnant de découvrir que la source des problèmes de l’héroïne est enfoui dans cette même terre, sans oublié le statut véritable de la plupart des habitants, qui confirme l’importance de l’héroïne. En apprenant la vérité sur son passé, Emmy est confrontée à une révélation pour le moins dérangeante, aboutissant au dilemme habituel (nature contre culture) qui va la pousser à lutter contre son destin en apparence prédéterminé. Bunn profite de ce tournant pour amorcer l’évolution de l’intrigue, qui fait de la série un récit d’émancipation et de passage progressif à l’âge adulte sous la forme d’une initiation mouvementée, qui passe par la découverte d’un passé houleux, d’une précédente existence qui détermine la façon dont les villageois la perçoivent. Tout cela aboutit a des prégugés contres lesquels elle devra lutter. À partir de là, cette dimension fantastique/horrifique graduelle au fil du récit devient plus importante, soutenue par une atmosphère oppressante et une certaine originalité, permettant une direction inattendue pour se détourner des poncifs du genre. L’incertitude règne et n’importe quel personnage peut retourner sa veste et faire preuve d’une attitude changeante, sans que cela soit forcément définitif. Le style de Tyler Crook a une place prépondérante dans l’effet d’immersion de l’histoire, avec une palette variée au niveau de la colorisation et une propension à représenter adroitement l’expressivité des personnage. La plupart du temps, la colorisation adoucie la teneur du récit dans les scènes plus intimistes, et à l’inverse se fait plus sombre dans les scènes de l’ordre du fantastique, provoquant un effet de contraste efficace, sans qu’un effet de césur se fasse sentir. L’histoire dans l’ensemble est haletante, et le cliffhanger intrigue, puisqu’il annonce l’approfondissement d’un autre élément clé du drame qui a lieu 18ans auparavant dans ce lieu hanté qu’est Harrow County.

En bref

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