Critique spoil-free des deux premiers tomes de Kingdom :

Kingdom : un best-seller au Japon depuis des années et une des sorties les plus attendues en France. Les fans ne l'auront pas loupé, Meian a annoncé quelques semaines avant la Japan Expo la commercialisation du manga historique de Yasuhisa Hara. Les deux premiers tomes, dont je vais vous parler dans cette critique, sont sortis en avant-première pour l'exposition début juillet ainsi qu'en abonnement. A partir de septembre, deux volumes sortiront simultanément chaque mois... Mais alors, cette série vaut-elle tout l'engouement qu'elle suscite...?

245 av. J.C. dans un royaume de Chine occidentale : l'Etat de Qin. Shin et Hyou sont deux jeunes serviteurs nés dans la mauvaise caste, qui rêvent de devenir les plus grands généraux sous les cieux. Pour ce faire, ils s'entraînent durement tous les jours à l'épée de bois... Un jour, un haut ministre de l'état, en voyage dans leur contrée, décide de prendre Hyou avec lui pour en faire un soldat de l'armée royale. Malheureusement, la bonne nouvelle va vite se transformer en cauchemar. Alors qu'un coup d'Etat se prépare, Hyou va prendre la place du Roi et, de ce fait, se faire assassiner, laissant le lourd fardeau de défendre Sa Majesté Sei à Shin...

La lecture de ces deux tomes ne m'a pas transcendé ; cependant, elle ne m'a pas laissé de marbre non plus. En fait, celle-ci me laisse entrevoir un énorme potentiel qui, à entendre les éloges prononcés à son propos, sera sans doute exploité à son maximum... La richesse de l'univers de la Chine traditionnelle et l'intérêt que je porte à celui-ci font de Kingdom une série vers laquelle je me serais tourné quoi qu'il arrive. J'ai toujours porté une grande affection envers les récits historiques : tant les possibilités y sont nombreuses lorsqu'il s'agit de raconter une histoire, et tant les environnements qui se développent autour de ces histoires sont intéressants. Et ici encore, je ne suis pas déçu. On ne voit que l'aspect militaire et politique de la Chine ancienne, mais ça suffit à attiser ma curiosité et à me captiver. Bref, j'ai trouvé cet aspect de l'oeuvre particulièrement réussi.

Shin, qui va rapidement s'imposer comme le personnage principal fort et ambitieux, reste l'archétype du personnage de shonen, même pour une oeuvre aussi mature. Il est jeune et inexpérimenté, mais courageux voire téméraire. Il gagne le respect de ses camarades, non pas par sa technique ou sa sagesse, mais plutôt par sa détermination, sa volonté et son optimisme. Et bien sûr, il est simplet et parfois agaçant... Ce ne serait pas la première fois qu'un personnage à la personnalité classique, peu originale, devienne un excellent héros pour sa série. Cependant, ça m'a plus gêné qu'autre chose ici. Peut-être suis-je gavé de voir ce genre de personnage encore et toujours ; ou peut-être est-ce la série qui ne s'harmonise pas bien avec ces traits de caractère. Quoi qu'il en soit, j'espère voir le jeune garçon qu'est Shin mûrir et devenir un homme, en quelque sorte plus sage... Heureusement, il n'y a pas que Shin. C'est d'ailleurs un des points les plus surprenants : le nombre de personnages introduits durant les deux premiers tomes. C'est aussi une des raisons qui me poussent à parler d'un grand potentiel pour cette oeuvre ; en effet, plus il y a de personnages, plus les possibilités sont vastes. Après bien sûr, c'est aussi plus compliqué à gérer. A voir comment l'auteur les utilise par la suite...

Pour parler un peu des graphismes, ceux-ci sont uniques, particuliers à l'auteur, et techniquement bons, notamment lors des scènes de combat. Le trait de Yasuhisa Hara est rond, peut-être irrégulier et peu esthétique ; mais il correspond bien, je trouve, à l'ambiance du titre. Pour ce qui est du découpage, c'est très classique.

J'ai été très agréablement surpris par la qualité de l'édition que nous offre Meian. En effet, la jaquette en papier mat est agréable au toucher et très sobre. L'écriteau «Kingdom» est magnifique, doré, brillant et en relief, sur la 1ère de couverture comme sur la tranche. Le papier est plutôt épais et semble solide. Pour ce qui est de l'impression, de la traduction et de l'adaptation graphique : tout est très correct. Si vous vous posez la question, l'éditeur a fait le choix de laisser les onomatopées japonaises, en les traduisant bien sûr. Bref, une très bonne édition ! Si je devais lui reprocher quelque chose, ce serait le titre sur la tranche, qui, si le livre est posé sur sa 4ème de couverture, est à l'envers. Mais c'est vraiment pour trouver un défaut...


Enfin, pour répondre à la question initiale «Cette série vaut-elle tout l'engouement qu'elle suscite ?» : c'est difficile à dire, seulement avec les deux premiers volumes. Une chose est sûre, le potentiel est énorme, et on risque d'en entendre parler encore longtemps...