De retour au France (mais avec un auteur Japonais, ironie du sort), avec le 3e Gédéon, nous suivons la suite des aventures de ce dernier ainsi que de son ami d'enfance Georges. Dans le premier tome, l'auteur tâtait le terrain, de manière à nous mettre dans cette ambiance si particulière de la France de l'Ancien Régime. Et autant qu'on se le dise, ce deuxième tome est quelque peu... riche en contenu.

Deux situations distinctes

La structure scénaristique de base est extrêmement réfléchie. On suit tantôt Gédéon et tantôt Georges. Le premier est encore maintenu prisonnier par le Comte d’Artois et semble promis à une mort certaine. De l’autre côté, Georges met tout en œuvre pour le retrouver et le sauver. Choix très intéressant de la part de l’auteur, puisque la tension devient presque palpable. A chaque fois que la situation évolue du côté de Gédéon, on retourne vers Georges, qui met beaucoup de temps avant de trouver une piste. De plus, nous n’avons aucune preuve que ce qu’on voit avec Georges se passe au même moment que la scène précédente avec Gédéon. De ce fait, il n’y a aucun moyen concret de savoir s’il arrivera à temps pour le sauver.

Mais Gédéon est malin et fait tout pour gagner du temps. D’une part, lorsqu’il sentait qu’il allait être exécuté, il s’est mis à penser à sa fille et je suppose qu’il n’y a rien de mieux pour se donner de la force. Même si on ne connaît pas encore bien les personnages, c’était assez touchant, j’ai bien ressenti tout l’amour qu’il lui porte et à quel point il aimerait être là pour elle. De plus, ce passage nous en montre plus sur son passé et la manière dont il a élevé sa fille, ce qui le rend d’autant plus humain. Il parvient finalement à faire croire à son kidnappeur qu’il est en réalité fils du Duc de Loire. Mais est-ce réellement un mensonge… ?

La véritable identité de Gédéon

S’il y a bien une chose à laquelle je ne m’attendais pas, c’est celle-ci. Lors de l’enfance de Georges, celui-ci s’est entretenu avec son père qu’il lui a révélé de Gédéon était en fait son fils, et que l’orphelin qu’il a adopté il y a des années, c’était… lui. Il est le réel Gédéon, mais a dû vivre comme un noble pour permettre au digne héritier de profiter d’une vie simple sans engagement, de grandir parmi le peuple et ainsi faire un Duc humble et proche des gens. En plus de me foutre littéralement une claque, cette révélation change totalement la tournure du récit.

D’une part, ça donne beaucoup plus de sens à la volonté de Georges qui fait tout pour le sauver et l’aider, mais d’un autre côté ça risque aussi de changer toute la tournure des choses. Gédéon qui jusqu’alors vivait humblement et faisait tout pour gagner de l’argent et survivre, sera désormais un riche noble. Enfin, si jamais Georges lui dit la vérité et s’il l’accepte. Puisqu’en soi, rien ne l’empêche de refuser et continuer de vivre sa vie comme il l’entend. Et je suis par ailleurs persuadé que c’est ce qu’il va faire, puisque c’est dans sa nature. Sa liberté a trop d’importance pour qu’il se la retire volontairement, surtout pour répondre aux besoins d’un autre.

Le nouveau but de Gédéon

Le tome se termine par deux scènes distinctes. D’un côté, Gédéon prend conscience de ce qui lui permettrait de transformer le pays par la parole, c’est-à-dire monter les échelons, devenir député. Georges quant à lui, veut renverser la royauté par la force. Je pense que leur confrontation sera évidente, mais pour le moment, ils ne semblent pas décidés à s’opposer l’un à l’autre.

De l’autre côté, on en apprend plus sur le Comte d’Artois, qui semble éperdument amoureux de la reine… Mais en vain. Je pense qu’elle représente un peu son pilier, sa part d’humanité. Jusqu’à présent, on l’avait vu uniquement froid, distant et calculateur. Le fait de le voir aussi chaleureux avec quelqu’un le rend plus humain et même si ça ne suffit pas à le rendre appréciable, il devient tout de même moins détestable. Voyons si par la suite il respectera sa promesse et ne causera plus de tort à Gédéon et le Duc de Loire.