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Critique de Le théâtre des fleurs #1

par snoopy le mar. 9 oct. 2018 Staff

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Début d'été, les éditions Taifu ont de nouveau accueilli la mangaka Natsume Isaku qui n'est autre que la créatrice d'Amereiro Paradox également disponible chez l'éditeur. Je n'ai malheureusement pas eu la chance de lire ce dernier, je suis donc ravie de découvrir le travail de cette artiste qui revient avec un titre qui donne sacrément envie d'être dévoré ne fut-ce qu'au vue de sa sublime couverture et de son intriguant synopsis. Pré-publié depuis 2015 dans le magazine Dear+ (ten count, Neon sign amber,...) de l'éditeur Shinshokan sous le titre Hanakoi Tsurane, la série est toujours en cours au Japon avec trois tomes à son compteur (le dernier est sorti en avril 2018) et nous invite à découvrir l'art traditionnel du kabuki à travers le parcours de jeunes acteurs passionnés. En quête d'une histoire d'amour pleine de douceur évoluant dans un contexte original et portée par des personnages pétillants? Ne cherchez plus, le théâtre des fleurs vous ouvrent ses portes pour vous immerger dans son très bel univers.  Coup de cœur!

"Oh non, il est bon. Je ne voulais pas le voir. Je préférais continuer d'ignorer ça."

 Sôgorô et Gensuke sont tous les deux les héritiers de deux des familles les plus prestigieuses du monde du Kabuki. Considérés comme de véritables prodiges de la scène, ces lycéens se vouent une véritable admiration mutuelle. Toutefois, si Sôgorô considère Gensuke comme son seul et unique rival, ce dernier ne souhaite qu’une chose : se retrouver sur les planches avec lui. Un rêve qui est en passe de se réaliser étant donné que les deux acteurs sont appelés à jouer dans la même pièce. Ce coup du sort les rapprochera-t-il ? Leur permettra-t-il de se sublimer ? Désormais, leur destin est entre leurs mains !

"Un premier tome qui tient toutes ses promesses"

En contemplant la sublime couverture de ce premier opus, on se met à espérer être immergé dans un univers bien particulier, celui du Kabuki ou théâtre japonais traditionnel. Outre le cadre qui nous séduit d'entrée de jeu, c'est un vrai petit bijou de découverte que nous offre Natsume Isaku de cet art si raffiné et complexe. Et afin de guider nos premiers pas en douceur, nous suivons la carrière d'un jeune acteur, Sogôro, qui évolue dans ce monde si particulier depuis sa plus tendre enfance. Il s'avère très agréable de ne pas se retrouver avec un débutant ou un acteur accompli, on va pouvoir de cette manière s'éveiller à cet art parallèlement au jeune homme au rythme de ses entraînements et représentations  qui mettent en lumière les difficultés de sa pratique. Elle suscite davantage notre ressenti à travers ces scènes, ce qui est bien plus agréable que de se retrouver noyé par une tonne d'explications dès le début.

De plus, on apprécie d'emblée la personnalité du jeune homme puisqu'il est facile de se mettre à sa place et de s'identifier à ses angoisses. L'auteur a réussi à créer un personnage très humain, drôle et attachant notamment à travers son envie de plaire à ses spectateurs venu le voir sur scène et de répondre aux attentes de sa famille qui fait partie d'une troupe célèbre. Au moment où on le découvre, il subit une petite baisse de régime mais il nous apparait comme un battant qui désire plus que tout se dépasser et continuer de faire évoluer son jeu au prix de très longues heures d'entrainements. Le fait qu'il se compare à un acteur de son âge d'une autre troupe n'arrange franchement rien, une situation de départ qui va très vite évoluer grâce à un hasard qui fait sacrément bien les choses. Non seulement, on confiera un rôle important à Sogôro mais c'est son rival, Gensuke, qui jouera le rôle de son partenaire. J'aime beaucoup la façon dont l'auteur s'y est pris pour installer la base de son récit tout en amenant rapidement de nouveaux éléments avec de belles avancées sur les différents plans et d'intéressantes découvertes sur le Kabuki à la clé. On apprend notamment que les personnages féminins comme celui que s'apprête à interpréter Sogôro sont en réalité joués par de jeunes hommes aux traits fins et au physique gracile.  C'est très intéressant de voir à quel point ce jeu si particulier demande concentration, grâce et élégance car il faut être capable de se glisser totalement dans la peau du personnage. L'exercice est d'autant plus difficile quand on sait que seul une petite partie de l'histoire est jouée et que le personnage est loin d'être décrit dans les moindres des détails, il y a donc une part d'interprétation libre qui rend le tout encore un peu plus complexe. Heureusement, Sogôro est guidé par son grand père et professeur,  un personnage secondaire bien campé se mêlant facilement à l'intrigue.  

Grâce à cette pièce qui nous permet au passage de mieux comprendre les mécanismes du kabuki, la relation entre les deux jeunes hommes va évoluer de façon très naturelle de rivaux à partenaire de scène et se diriger peu à peu vers quelque chose de plus fort. Amour ou amitié, l'auteur nous donne déjà quelques petits indices sur la véritable nature des sentiments de Gensuke sans pour autant le dévoiler entièrement. Une belle façon de maintenir notre curiosité. On tombe d'ailleurs littéralement sous le charme de ce dernier qui nous apparait lui aussi comme un personnage très lumineux, pétillant et très plaisant notamment à travers son admiration pour le jeune Sogôro et son envie de le tirer vers le haut. C'est un très beau début de relation que l'auteur nous dépeint ici puisqu'en passant du temps avec lui Sogôro va tout doucement comprendre ses lacunes et renforcer son jeu. J'aime encore une fois énormément cet aspect du récit, on est littéralement séduit lorsqu'on les voit progresser ensemble d'autant plus que Gensuke montre de plus en plus son attachement à Sogôro et que celui ne tardera pas à être chamboulé par ses gestes et ses paroles. On sent qu'on aura affaire à une histoire d'amour comme on les aime, douce et lente, on est donc terriblement impatient de lire le second tome qui sera peut être porté davantage sur l'éveil des sentiments. Un excellent début qui devrait plaire à un très grand nombre d'entre nous y compris les très exigeantes! 

Concernant les graphismes, le coup de crayon l'artiste est aussi beau et réussi que le laissait présager l'illustration de sa très belle couverture. On peut cependant reprocher le manque de décor et d'arrière plan, c'est centré la plupart du temps sur les visages qui se devaient d'être suffisamment expressif pour retranscrire l'émotion des scènes. Sur le plan de l'expressivité, du jeu du regard et des poses adoptées, on est séduit. Le côté très solaire et plein de vie des personnages ressort également très nettement et renforce la très belle image qu'on se fait d'eux au fil des pages. On aime! Concernant l'édition, Taifu fait de nouveau un sans faute. On apprécie toujours autant leur travail! 

En bref

Je remercie les éditions Taifu qui ont véritablement l'œil pour nous offrir de très belles lectures qui nous font voyager et nous transportent à travers différents univers. Le théâtre des fleurs se révèle être un joli mélange entre découvertes autour du Kabuki et évolutions de ses personnages, entre l'éveil à l'art et l'éveil des sentiments. On apprécie énormément le fait de suivre un duo de passionnés qui dégage une aura très lumineuse et rend la lecture d'autant plus belle et vivante. Gros coup de cœur!

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Commentaires (2)
  • snoopy
    Staff

    @Studiok2r; je dirais que oui vu qu'ils exploitent tous les deux le même univers ^^ Par contre, je ne sais pas si on restera sur du shonen-ai par la suite mais pour le moment il est vrai que le ton reste assez doux ;)

  • Studiok2r
    Membre

    Le Chemin des Fleurs version Shonen-Aï? ^^