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Critique de Insaisissables

par doriane883 le sam. 10 août 2013 Staff

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Si vous faites parti des spectateurs acceptant d’être victime de l’illusion, de la magie du cinéma, il y a fort à parier qu’ « Insaisissables » vous ravira. En clair, si vous acceptez d’être manipulé, de croire sans chercher à comprendre, si vous chercher le divertissement, ce film est pour vous. Certes, il ne s’agit pas de la pépite du siècle, il y a eu de meilleurs scénarios à tiroirs et des enquêtes plus complexes comme dans l’excellent « Le Limier » (version de Mankiewicz, avec Michael Caine), mais « Insaisissables » nous offre un bon spectacle flattant notre égo de français (réalisateur français, acteurs français, José Garcia & Mélanie Laurent, plus les typiques vannes sur les différences entre français et américains). Dans ce film, Louis Leterrier semble vouloir nous rappeler l’origine du cinéma. D’abord un art forain, un art de la rue (les 4 magiciens clôturent d’ailleurs leur show dans la rue et atteignent l’œil au milieu d’un carrousel) et un art de la magie cherchant le spectaculaire parfois au moyen du voyeurisme (pas étonnant que le titre anglophone soit « Now you see me »). Le tour de magie opéré par Henley Reeves, en tout début de film avec des piranhas, qui finit en effusion de sang, nous renvoie directement à notre soif de spectaculaire, de frissons. Une envie qui se trouve aujourd’hui grandement palliée par le numérique. Quand nous voyons le show final à New-York, nous sommes bien loin des tours de passe-passe opérés, en son temps, par Méliès. Finalement, pour un réalisateur de blockbusters (rappelons que nous devons « Le Transporteur », « L’incroyable Hulk » ou encore « Le choc des Titans » à Louis Leterrier), ce film sonne comme une justification, un plaidoyer. Le public aura toujours besoin de grand spectacle, peu importe le manque de réalisme tant que nous rêvons, peu importe la profondeur psychologique des personnages qui ne sont que des pions comme nous, au service de l’illusion. Même si j’épargnerais moins le jeu de Mélanie Laurent, dont le rôle sans épaisseur, peine grandement à supporter une intrigue B axée sur le sentiment amoureux. Pour ma part, cela ne prend pas du tout. Au vu des critiques presses, le besoin primal de sensationnel est toujours vivement critiqué. Tout ce qui demeure inexplicable a toujours été assimilé à quelques diableries ou perversions. Il n’est d’ailleurs pas anodin que nos 4 magiciens se nomment les 4 cavaliers (de l’apocalypse ?), qu’ils soient incompris et pourchassés par certains, tandis qu’ils sont perçus comme de véritable robins des bois, vengeurs des opprimés par d’autres (magnifique et jubilatoire scène du dépouillement d’Arthur Tressler). De plus, nous ne pouvons que souligner le trajet des personnages : Las Vegas, ville de l’excès et des very bad trip, la Nouvelle-Orléans, perçu comme le bayou vaudou, New-York avec les comédies musicales de Broadway, pas vues d’un très bon œil par les puristes du théâtre au début, et enfin Paris, ville perçue comme le lieu de débauche dans l’imaginaire véhiculé à la fin du XIX siècle- début XXème (courtisanes, prostituées, absinthe…). En bref, la confrérie de l’œil ne semble ici qu’une métaphore désignant la caméra. Cette voyeuse cherchant à nous émerveiller et nous faire voyager dans un autre monde. Mais, je n’irai pas plus loin dans cette analyse car comme le veut l’adage du film « Approchez, plus vous croirez voir, plus vous vous ferez avoir ». Vous êtes prévenu, ne chercher pas trop à déconstruire ce film au risque de finir comme le démonteur de magie, Thaddeus Bradley (super Morgan Freeman). En conclusion, allez apprécier ce film sans attente particulière, n’en cherchez pas la clé, il vaut mieux la laisser au fond de la Seine, du côté du pont des Arts.

En bref

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