Interview : Paolo Rivera

Suite du focus Valiant / Bliss comics avec l'interview de Paolo Rivera, dessinateur du crossover The Valiant !

 

C'est lors de la PCE 2016 et grâce à Bliss comics que nous avons pu rencontrer le talentueux artiste avec lequel nous abordons Valiant et d'autres aspects de sa carrière.

 

CS : Bonjour Paolo, pouvez-vous vous présenter pour les lecteurs de Comics-Sanctuary ?

PR : Je m'appelle Paolo Rivera. Je dessine des comics depuis 2002 mais je suis un fan de BD, des dessin-animés et des super-héros comme Superman, Batman et Spider-Man depuis que je suis enfant.

C'est simplement le travail de mes rêves. C'est ce que j'ai toujours voulu faire et j'espère pouvoir continuer à le faire pendant longtemps. J'espère ne jamais prendre ma retraite.


CS : Vous êtes ici, à la Paris Comics Expo, pour promouvoir la sortie de The Valiant en France, chez Bliss Comics. Comment vous êtes vous retrouvé sur la série ?

PR : Je n'étais pas très familier avec les personnages de Valiant ni avec leur univers. Je savais qui ils étaient, à quoi ils ressemblaient mais je n'avais jamais lu quoi que ce soit sur eux. Quand ils m'ont approché sur ce projet, je voulais m'assurer que ce soit un comic qui puisse être une porte d'entrée, autant pour le lecteur que pour moi.

En somme, je voulais une histoire qui soit auto-contenue avec un début, un milieu et une fin. Une histoire agréable à lire par elle-même.

Bien entendu, l'histoire va poursuivre son cours après [The Valiant]. C'est déjà le cas [Ndr : Book of Death]. Mais je voulais que ce volume puisse se lire seul.


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The Valiant, un parfait point d’entrée pour le dessinateur

 

CS : Comment était-ce de travailler avec deux auteurs, Jeff Lemire et Matt Kindt, qui sont connus pour être aussi des artistes ?

PR : C'était génial. J'apprécie leur travail. C'est d'ailleurs un des arguments qui m'a été vendu à l'origine du projet et [Jeff Lemire et Matt Kindt] se sont montrés très accommodants.

Je crois que la manière dont ils se répartissaient le travail est que chacun s'occupait de personnages particuliers. Ils se parlaient en permanence, ils ont conçu l'histoire ensemble, mais lorsqu'ils rédigeaient le script et les dialogues, ils travaillaient séparément. Il me semble que Matt [Kindt] s'est occupé de toutes les scènes de Ninjak et Jeff [Lemire], celles sur Bloodshot. Même s'il y avait beaucoup d'aller-retours entre les deux pendant l'écriture, évidemment.

Au-delà de ça, il y a une séquence dans le deuxième chapitre avec une histoire pour enfant. Ils m'ont proposé de la dessiner moi-même mais je voulais que ce soit eux qui s'en chargent. Je savais qu'ils avaient le temps et que ça créerait une rupture de ton avec ce que je faisais. J'aime vraiment l'effet que ça donne.


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Un petit effet qui fonctionne à merveille

 

CS : Vous avez eu le temps de jeter un oeil sur le travail de Bliss Comics je présume. Que pensez-vous de leur arrivée ?

PR : Je pense que c'est génial. Une des raisons pour laquelle j'adore Valiant c'est que, même si les personnages sont dans le coin depuis un certain temps, la maison d'édition est relativement neuve. C'est aussi le cas de Bliss Comics.

Quand tu lances une compagnie, tu as une autre approche des choses. Tu es un petit peu décousu. Tu tentes constamment de nouvelles choses pour voir si ça fonctionne. Si ça marche, tu t'appuies dessus pour te construire en espérant que ce soit solide.

Je suis très heureux de ce que fait Valiant depuis 2012 et j'ai hâte de voir ce que Bliss va faire à l'avenir.

 

CS : On a observé récemment que plusieurs artistes sont devenus exclusifs à Valiant. Est-ce différent de travailler avec cet éditeur par rapport à Marvel/DC ?

PR : Le processus est plus ou moins le même. Ils me donnent un scénario qui ressemble à celui d'un film et je fais quelques découpages que j'envoie ensuite à l'éditeur. La plupart de mes éditeurs à Valiant travaillaient chez Marvel. Donc il n'y a pas de grandes différences.

En ce qui concerne le style, je n'ai pas changé grand chose, vraiment. C'est peut-être un peu plus gore chez Valiant... Un peu plus violent aussi. Mais à part ça, mon approche est la même. Vous savez, j'adore faire l'étude des personnages, travailler leurs expressions faciales, les dessiner dans tous les sens pour voir à quoi il ressemble sous tous les angles.

Je commence toujours par ça.

 

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CS : Un de vos plus gros succès critique fut Daredevil avec Mark Waid. N'êtes-vous pas un peu déçu d'être parti si tôt ? 

PR : Constamment. Sérieusement, j'aurais aimé rester. Je voulais rester plutôt. Mais je voulais aussi tenter d'autres choses. J'aurais aimé continuer pour encore six numéros supplémentaires et ensuite partir. C'est mon seul regret.

Je pense que j'ai fait le bon choix mais je l'ai fait trop tôt.

 

CS : Vous auriez aimé rester pour une histoire en particulier ?

PR : Daredevil est probablement la meilleure expérience que j'ai eu chez Marvel. C'est d'ailleurs la réflexion que je me suis fait : je savais que ça ne pourrait jamais faire mieux. Je savais que j'étais arrivé au sommet de toute ma carrière chez Marvel et pour bien des raison : à cause du personnage, de mes collaborateurs, de mes éditeurs, tout... C'était juste parfait.

C'était aussi une question de timing. Marvel relançait la série à l'époque. Donc même si le héros était présent depuis toujours, nous avons eu le droit à un nouveau numéro 1. Et c'était une bonne raison d'avoir un numéro 1. Ce n'était pas seulement à cause du reboot mais parce que nous amenions le personnage dans une toute nouvelle direction.

L'évènement est tombé à point nommé, tout était parfait et ensuite je suis parti [rire]. C'est mon seul regret. J'aurais souhaité rester six numéros de plus. Ça aurait été sympa.

 

CS : Vous êtes ami avec Joe Quesada en plus...

PR : [Joe Quesada] m'a trouvé mon premier emploi. La raison pour laquelle je suis là aujourd'hui, c'est parce qu'il m'a offert du travail chez Marvel. J'ai rencontré Jim Krueger, scénariste de ''Earth X'', à l'époque où j'étudiais au lycée, aux environs de 1999. Il m'a ensuite présenté à quelques éditeurs de Marvel et c'est à travers eux que j'ai rencontré Joe, via e-Mail.

Il m'a d'ailleurs engagé par mail. En quelque sorte, il a dirigé ma carrière dès 2002 jusqu'à ce que je m'en aille 10 ans plus tard. C'était d'ailleurs très amusant de travailler avec lui sur ''Spider-Man : One Moment in Time''.


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CS : Parlez-nous un peu du roman graphique de science-fiction sur lequel vous travaillez ?

PR : [rire] Je suis tellement lent. Je n'ai encore rien écrit. Je crois que j'ai une bonne idée mais je ne pense pas avoir le bon scénario. L'album sera peut-être titré ''The Sink'' et il parle bien entendu du fait de s'enfoncer mais fait aussi référence au ''dissipateur de chaleur'' [Ndr : Heat Sink], terme technique qui définit un objet collectant de la chaleur. C'est un peu comme le composant d'un ordinateur qui absorbe la chaleur pour que l'unité ne surchauffe pas.

C'est donc un récit de science-fiction, supposément post-apocalyptique mais dans le sens où aujourd'hui est post-apocalyptique. L'apocalypse est survenu il y a vraiment très très longtemps. Il y a eu une chute de météorites mais elle s'est déroulée il y a tellement longtemps qu'il ne reste plus de témoin. Les Hommes vivent donc une vie banale jusqu'à ce qu'ils découvrent certains évènements secrets qui se sont déroulés il y a de nombreuses années.

En aparté, l'histoire suit un four nucléaire mobile et une imprimante 3D sur roue. Ouais, c'est vraiment bizarre. Il y a cinq robots qui partent à l'aventure avec la personne qui les a construit.

 

CS : Vous comptez collaborer avec quelqu'un sur cet album ? Peut-être avec votre père ou un scénariste ? 

PR : J'ai posé la question autour de moi en ce qui concerne le scénario, parce que j'ai clairement besoin d'aide. On verra bien. Je suis actuellement en pourparlers avec deux maisons d'édition. Je ne veux pas aller voir Image Comics parce que j'ai justement besoin de l'aide d'un éditeur.  Alors que, chez Image, c'est « tu termines le comic-book et après tu leur donnes ». Mais j'ai besoin d'aide.

Je réfléchis à la possibilité d'engager un collaborateur pour l'écriture du scénario. On verra ce qu'il en est pour la partie graphique. J'attends de voir comment ça se passe pour décider.

 

CS : Vous avez travaillé dernièrement sur Hellboy & The B.P.R.D.

PR : Tout à fait. Je viens juste de terminer le troisième numéro donc ça devrait sortir plus tard ce mois-ci. J'aimerais bien revenir [à l'univers de Mike Mignola] mais ce ne sera pas pour cette année.


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CS : N'était-ce pas trop dur de mettre votre patte sur la créature de Mike Mignola ? 

PR : J'ai fait du mieux que j'ai pu. [rire] J'adore Hellboy. Il est tellement amusant à dessiner. Page après page, on ne s'ennuie jamais. J'essaie juste d'en donner mon interprétation aussi bien que je le peux.

 

CS : Quel est votre plus grande réussite aujourd'hui, artistiquement parlant ?

PR : Ça doit probablement être la série Daredevil, en tant que série compilée. Encore une fois, c'est parce que j'ai passé tellement de bons moments à travailler avec l'équipe artistique en place.


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Si on parle d'illustration seulement, j'ai vraiment pris beaucoup de plaisir à travailler sur le poster du film Captain America : The First Avenger. C'était tellement amusant parce qu'on n'a pas l'occasion de faire ça si souvent. Et ça m'a en plus ouvert à de nouvelles opportunités donc j'espère faire plus d'illustration de ce genre à l'avenir.


Cliquez sur l'image pour découvrir l'affiche en grand format


CS : Avez-vous quelque chose à ajouter pour vos lecteurs français ?

PR : Merci de m'avoir invité. J'adore être ici. J'espère pouvoir revenir. Je suis déjà venu à Paris mais je n'ai jamais eu la chance de visiter la ville. Je ne faisais que passer. Ce fut donc très sympa de rester un peu.

 

Portrait chinois :

Un animal : le hérisson

Un film : Aliens

Une couleur : Rouge

Une chanson : La ritournelle de Sebastien Tellier

Un livre : 2001, l'Odyssée de l'Espace (le livre et le film)

Une ville : Paris

Un repas : un hamburger

Une boisson : le whisky (En fait, je bois tout ce qu'on me donne. [rire])

Un mot ou une expression : Cuillère !

Un héros de comics : Le "Tick". [Il mime son crie de guerre] Cuillère !

un artiste : Eugène Delacroix.


CS : Merci beaucoup Paolo.

PR : De rien. Je suis très content qu'on ait pu faire ça. C'était vraiment très sympa.

 

Des remerciements très spéciaux à Bliss Comics qui nous ont permis de rencontrer Paolo Rivera pour l'interview.

Source:

Interview réalisée par Jack! et Blackiruah.

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