Retour vers le passé : Ikarie XB-1 (1963)

 

REALISATEUR

Jindrich Polák

SCENARISTES

Pavel Jurácek et Jindrich Polák

DISTRIBUTION

Zdenek Stepánek, Frantisek Smolík, Dana Medrická…

INFOS

Long métrage tchécoslovaque
Genre : science-fiction
Année de production : 1963

Un homme erre dans les couloirs d’un vaisseau spatial, l’air complètement halluciné, en criant que “la Terre n’a jamais existé”. Une voix provenant du poste de contrôle tente de le raisonner…

Librement inspiré par un roman de Stanislas Lem (qui n’est pas crédité au générique), Ikarie XB-1, film de science-fiction tchécoslovaque resté longtemps invisible, débute in media res, en suscitant l’interrogation et en imprimant aux premières minutes une certaine tension renforcée par le travail sur la musique (presque conceptuelle) et le son.
Suit alors un long flashback : en 2163, l’équipage du vaisseau Ikarie XB-1 se lance dans la première expédition hors du système solaire, afin de chercher des traces de vie dans le système d’Alpha du Centaure. C’est un voyage qui durera 18 mois, mais à cause de la relativité de l’écoulement temporel, 15 ans auront passé sur Terre. Cette situation donne un ton mélancolique au parcours de certains personnages, comme le navigateur dont l’épouse enceinte est restée sur Terre.

 
 
 

Dans un premier temps, le réalisateur et co-scénariste Jindrich Polák s’attache à la description de la vie de tous les jours de la quarantaine de membres d’équipage. L’accent est mis sur les interactions; le travail routinier; les scènes de la vie quotidienne, des repas aux soirées dansées en passant par les sessions en salles de sport.
Le tempo est volontairement lent et appuie également sur les conséquences biologiques et psychologiques de l’adaptation à la vie dans l’espace. Il y a aussi un petit côté gentiment “kitsch”, notamment avec la présence d’un antique robot, sorte de “Robbie le Robot” du bloc de l’Est.

La route qui mène l’Ikarie XB-1 vers Alpha du Centaure est ponctuée de quelques péripéties. Mais là encore, les auteurs privilégient l’atmosphère, le cérébral plus que l’action. La découverte d’une station spatiale fait un temps basculer le métrage dans une ambiance horrifique (sans oublier une critique de l’Ouest, époque oblige), soulignée par les très bons choix du chef opérateur, et l’influence d’un astre moribond (une planète noire) provoque la démence chez ceux qui ont été exposés à son rayonnement.
Et c’est là que Ikarie XB-1 fait la jonction avec les premières minutes…

 

 

Il se dit que Ikarie XB-1 fait partie des oeuvres qui ont influencé Stanley Kubrick pour son 2001, L’Odyssée de l’Espace. Il y a quelques points communs en effet (que l’on retrouve dans l’élaboration des très réussis décors par exemple)…et le film de Jindrich Polák a très bien pu aussi donner quelques idées à l’Alien de Ridley Scott et au Sunshine de Danny Boyle.

Cet intéressant représentant d’une S.F. contemplative a fait l’objet d’une version américaine tronquée par American International Pictures (à l’image du russe La Planète des Tempêtes de Pavel Klouchantsev). Dix minutes ont été supprimées (alors qu’il ne dure que 85 mn) et la fin a été changée, ainsi que le titre devenu Voyage to the End of the Universe.

 

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