Retour vers le passé : Daredevil (2003)

 

Action/thriller
Long métrage américain
Ecrit et réalisé par Mark Steven Johnson
Avec Ben Affleck, Jennifer Garner, Michael Clarke Duncan, Colin Farrell, Jon Favreau, Joe Pantoliano, David Keith…
Année de production : 2003

En 1997, la 20th Century FOX met une option sur les droits cinématographiques de Daredevil. Chris Columbus était le premier choix du studio pour réaliser le film mais le développement prend du temps, Marvel frôle la faillite et l’option expire. Le studio Disney se montre intéressé et après l’échec des négociations, Marvel passe un accord avec la Columbia. Chris Columbus est dans un premier temps toujours attaché au long métrage mais son scénario co-écrit avec l’italien Carlo Carlei est rejeté au profit de celui de Mark Steven Johnson, un fan de la bande dessinée qui n’avait à son actif que les scripts du diptyque comique Les Grincheux avec Jack Lemmon et Walter Matthau et le drame Simon Birch, sa première réalisation.

Malgré l’avancée du travail, la Columbia a décidé d’annuler le film suite à des désaccords avec Marvel. En 2000, un contrat est finalement signé avec New Regency pour la production, la 20th Century FOX revenant sur Daredevil pour s’occuper de la distribution. Mark Steven Johnson est réengagé et complète son scénario en 2001 tout en s’assurant de prendre place dans le fauteuil du réalisateur.

 

 

Après que Vin Diesel, Guy Pearce, Edward Norton ou encore Colin Farrell aient été envisagés, c’est Ben Affleck, lui aussi un passionné du héros, qui a été choisi pour jouer Matt Murdock/Daredevil. Ses déclarations de l’époque étaient enthousiastes…une opinion qui a évolué avec les années puisqu’il n’a pas manqué de souligner à quel point il a détesté l’expérience. Comme souvent avec les interprétations d’Affleck, le résultat est mitigé mais son jeu n’est ici pas aussi catastrophique que dans le Amour Troubles de Martin Brest sorti la même année. En Elektra Natchios, Jennifer Garner n’est pas non plus un choix très inspiré même si elle est convaincante dans les aspects physiques du personnage.

Je n’ai jamais été contre le casting du regretté Michael Clarke Duncan en Wilson Fisk. Il avait la carrure du Caïd du Crime…il n’est juste pas très bien écrit. Colin Farrell joue quant à lui le Tireur comme s’il n’en avait rien à cirer, en grimaçant et cabotinant comme un sagouin. Il y a tout de même de bonnes surprises dans cette distribution inégale : Jon Favreau (qui allait ensuite inaugurer le Marvel Cinematic Universe en réalisant Iron Man) est un savoureux Foggy Nelson, Joe Pantaliano est un bon Ben Urich (même s’il n’a pas le physique de sa contrepartie papier) et David Keith campe un Jack Murdock plus vrai que nature.

 

 

Ma partie préférée du long métrage de Mark Steven Johnson est le prologue racontant les origines de Matt Murdock. La séquence d’une petite dizaine de minutes est bien rythmée, bien montée et si le scénariste a choisi de changer un élément important (ce n’est pas un acte d’héroïsme qui déclenche l’accident qui prive Matt de la vue), cela s’intègre bien dans la relation qui unit le jeune aveugle et son père. C’est le courage de son fils qui pousse Jack Murdock a relancer sa carrière de boxeur et c’est pour le rendre fier qu’il prend la décision qui lui coûtera la vie. Le flashback se referme sur une scène émouvante…et ensuite, ça commence à se gâter…

La version cinéma de Daredevil dure 1h40 et le montage initial de Mark Steven Johnson était de 2h10. Peu de temps avant la sortie du film, le studio a demandé (obligé ?) le réalisateur de couper trente minutes pour resserrer le rythme et se concentrer sur la romance entre Matt et Elektra. Ce faisant, plusieurs intrigues secondaires sont passées à la trappe, modifiant ainsi le ton du métrage final. Dans ce director’s cut, les scènes de la double vie d’avocat et de justicier de Matt sont mieux dosées, Ben Urich a plus de dialogues tout comme le flic Nick Manolis et même Karen Page (campée par une Ellen Pompeo pré-Grey’s Anatomy) qui ne fait que passer dans le montage ciné…

 

 

Si le director’s cut est meilleur dans sa construction (tout parait moins précipité, comme par exemple les circonstances de l’arrestation du Caïd qui tombent comme un cheveu sur la soupe dans l’autre version), les défauts de Daredevil ne sont pas gommés pour autant. La rencontre entre Matt et Elektra mène à une baston/drague qui doit être l’un des moments les plus stupides de l’histoire des comic-book movies, la décision de DD de laisser mourir un de ses adversaires fait tiquer (même si elle s’inscrit dans l’évolution du personnage voulue par Mark Steven Johnson), la direction artistique n’est pas vraiment irréprochable (la vue de New York dans le bureau de Wilson Fisk est totalement ratée) et les effets visuels n’ont dans l’ensemble pas très bien vieillis (ah, ces doublures numériques très, très visibles…je ne sauverais que des bonnes idées dans la représentation des pouvoirs de DD).

Sorti la même année que X-Men 2 et HulkDaredevil a enregistré un bon score au box-office, sans être un grand succès. Une suite a été brièvement envisagée, Mark Steven Johnson souhaitant utiliser Mr Fear comme vilain, mais l’échec du médiocre spin-off sur Elektra et les réticences de Ben Affleck ont fait que le studio a abandonné ce projet pour privilégier un reboot. Les noms de David Slade et de Joe Carnahan ont circulé sans déboucher sur du concret et en 2013, les droits de Daredevil sont revenus à Marvel, préparant le terrain pour la série Netflix débutée en 2015.

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