Retour vers le passé : La Vengeance d'Hercule (1960)

 

REALISATEUR

Vittorio Cottafavi

SCENARISTES

Marcello Baldi, Duccio Tessari, Mario & Nicolo Ferrari

DISTRIBUTION

Long métrage italien/français
Genre : aventures/fantastique
Titre original : La vendetta di Ercole
Année de production : 1960

Le succès des Travaux d’Hercule en 1958 a été le déclencheur de la mode du “péplum musculeux”, très populaire jusqu’en 1964. La production pléthorique a vu défiler en Italie de nombreux “Mr Muscle” à la carrière cinématographique météoritique. Le bodybuilder italo-américain Lorenzo “Lou” Dagni fut le premier à avoir été engagé pour succéder à la star Steve Reeves dans le rôle d’Hercule lorsque celui-ci refusa d’incarner le demi-dieu une troisième fois après Les Travaux D’Hercule et Hercule et la Reine de Lydie.

Sous le pseudonyme américanisé de Mark Forest, Lou Dagni fut la tête d’affiche de 12 longs métrages en 5 ans (avant de quitter les écrans pour entamer une carrière de chanteur d’opéra) et il est surtout connu des amateurs du genre pour avoir incarné Maciste, le guerrier intemporel, dans 7 films. Il a enfilé la jupette de Hercule à deux reprises (la deuxième dans Hercule contre les fils du soleil en 1964) et son portrait du héros est très différent de celui de Reg Park dans l’autre Hercule de Vittorio Cottafavi, Hercule à la conquête de l’Atlantide.

 

Le repos du guerrier…

 

Il y avait en effet tellement de productions en cours que les auteurs ne prenaient pas la peine d’installer une continuité entre chaque histoire. Dans Hercule à la conquête de l’Atlantide, tourné l’année suivante, Hercule est un bon vivant nonchalant. Dans La Vengeance d’Hercule, le demi-dieu est fatigué après avoir accompli ses douze travaux et il n’aspire qu’à laisser les affaires des dieux derrière lui, rentrer dans sa demeure auprès de sa famille pour prendre un repos bien mérité. Mais les machinations du roi Euritos, et une prédiction de la sybille concernant sa femme et son fils, vont contrarier ses plans…

En ennemi juré d’Hercule, on retrouve l’inévitable acteur hollywoodien venu cachetonner en Italie, ici Broderick Crawford, oscarisé pour Les Fous du Roi en 1949 et interprète du chef Dan Matthews dans la longue série policière Broadway Patrol (156 épisodes entre 1955 et 1959). Avec cette grande cicatrice qui lui mange le visage, Crawford campe le roi Euritos comme s’il jouait Al Capone et le décalage est plutôt savoureux. Mark Forest manque de charisme (mais il est tout de même plus expressif que ce bon vieux Reg Park), tout en assurant parfaitement le spectacle lorsqu’il est temps pour Hercule de passer à l’action. Giancarlo Sbragia est très bon en machiavélique conseiller du roi…par contre, Sandro Moretti, qui joue le fils d’Hercule, traverse le film comme un somnambule.

 

Couché, le chien !

 

Les trucages rudimentaires de La Vengeance d’Hercule (oui, sur la photo du dessus, c’est bien Cerbère) ont fait que certains l’ont catalogué un peu trop vite au rayon nanar…ce qui n’est pas mon cas. Certes, le chien à trois têtes, l’homme chauve-souris et l’ours (un cascadeur dans une pelure bouffée aux mites) sont tout pourris, mais le spectacle proposé est un divertissement qui ne manque pas de péripéties, avec un Cottafavi qui sait, par son travail sur l’image et le son, installer une atmosphère étrange dans les passages fantastiques. L’attaque finale est palpitante, avec des effets plus réussis pour l’effondrement des murs de la cité. Et il y a quelles belles idées visuelles, notamment dans les scènes avec le centaure Polymorphée.

À noter qu’il existe une autre version du film. Pour l’exploitation américaine, les dirigeants d’American International Pictures n’ont pas pu utiliser le nom d’Hercule, qui était alors la propriété d’Universal. Ils ont alors repris le titre d’un projet qui n’avait pas abouti, Goliath and the Dragon. Hercule est donc devenu Goliath (et une grande partie des dialogues ont été réécrits)…et comme il n’y avait pas de dragon dans la version originale, Mark Forest a été appelé pour tourner des scènes supplémentaires où on le voit combattre un dragon joliment ridicule !

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