Retour vers le passé : Objectif Lune (1967)

 

REALISATEUR

Robert Altman

SCENARISTE

Loring Mandel, d’après le roman de Hank Searls

DISTRIBUTION

Robert Duvall, James Caan, Joanna Moore, Michael Murphy…

INFOS

Long métrage américain
Genre : drame/suspense
Titre original : Countdown
Année de production : 1967

Lorsque les américains apprennent que les soviétiques se préparent à lancer un vol habité vers la Lune, la course pour les devancer dans la conquête spatiale s’accélère. Mais le programme Apollo n’étant pas encore prêt (ce qui était le cas en 1966 quand le film est entré en production), les U.S.A. décident d’utiliser une capsule Gemini modifiée (Gemini est le deuxième programme de vols spatiaux américains, entre Mercury et Apollo) avec un seul homme à son bord. L’astronaute, qui sera le premier homme à marcher sur la lune, devra rester là-haut pendant un an, dans un abri envoyé au préalable, jusqu’à ce qu’il puisse être récupéré par une mission Apollo (ce qui n’est pas la partie la plus convaincante de l’histoire…mais comme le’indique le titre original , ce qui intéresse les auteurs, c’est ce qui précède…le compte-à-rebours).

Objectif Lune traite de la conquête spatiale à auteur d’hommes, en s’intéressant aux relations humaines. Les deux personnages principaux sont incarnés par Robert Duvall et James Caan, pour leur premier film ensemble avant Les Gens de la Pluie et Le Parrain, Robert Duvall est le commandant choisi pour la mission. Mais comme les russes envoient un civil, un géologue, la NASA choisit de faire de même et décide de confier le pilotage de la capsule à Lee Stragler (James Caan), un astronaute sans connexion militaire. Lee n’a plus que trois semaines pour terminer son entraînement et personne ne sait s’il sera capable de tenir…

 

 

L’interprétation est de qualité. Robert Duvall est excellent dans l’expression de sa colère et de sa frustration d’être mis sur la touche. James Caan livre également une composition solide dans le rôle d’un homme qui est prêt à accomplir le rêve de sa vie, mais dont la confiance laisse au fur et à mesure place aux doutes. Robert Altman, qui revenait là au cinéma après un film indépendant dans les années 50 et dix ans à la télévision, traque les fêlures de ses héros, l’impact des événements sur leur vie de famille, leur rivalité sur fond d’enjeux politiques.

On n’est pas ici dans une optique de glorification du « rêve américain » (comme cela aurait pu être le cas vu le sujet), plutôt dans une sorte de démythification qui rappelle certaines oeuvres à venir du réalisateur. Ce parti-pris donne une première heure certes intéressante, mais qui manque aussi d’intensité et qui flirte parfois avec l’ennui. Les scènes les plus fascinantes interviennent au cours de la mission. Altman choisit (peut-être aussi à cause des limitations de budget) de réduire son cadre à celui de la capsule Gemini. La caméra reste fixée sur James Caan, sur son visage qui restitue le sentiment de solitude face à l’immensité. Un très beau plan, très fort…

 

 

Il y a donc de belles choses dans ce film inégal (comme lors d’une scène qui se déroule sur la Lune, avec une jolie idée), qui n’est pas le plus connu de la filmographie de Robert Altman. Mais c’est aussi parce que pour son deuxième long métrage de fiction, le metteur en scène s’est heurté aux fameuses « différences créatives » qui ont fait que le montage lui a échappé. Robert Altman s’est fait viré dès la fin du tournage car Jack Warner a détesté les rushes , traitant notamment Altman d’imbécile parce que plusieurs personnages « parlaient en même temps ».

Ces « dialogues qui se chevauchent » sont devenus une des marques de fabriques d’Altman dans ce qui deviendra un genre à part entière, le « film choral ». Mais en 1967, les studios n’étaient pas encore prêts et la Warner bazarda la sortie de Countdown (qui resta inédit en France pendant longtemps). À peine deux ans plus tard, le Nouvel Hollywood bouleversa tout ça et à partir de M.A.S.H. en 1970, la carrière ciné de Robert Altman était vraiment lancée…

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