Retour vers le passé : Une Bringue d'Enfer (1985)

 

REALISATEUR & SCENARISTE

Kevin Reynolds

DISTRIBUTION

Kevin Costner, Judd Neison, Sam Robards, Chuck Bush…

INFOS

Long métrage américain
Genre : comédie dramatique
Titre original : Fandango
Année de production : 1985

fandango
noun
pl. -·gos·

1. a lively Spanish dance in rhythm varying from slow to quick 3/4 time
2. music for this
3. a foolish act

Sous un ciel bleu éclatant, cinq jeunes hommes, aussi différents l’un de l’autre qu’on puisse l’être, roulent vers le Mexique à tombeau ouvert dans une caisse des années 50. Ils viennent d’être diplômés et ils crient, chantent, picolent. L’ambiance de cet entraînant générique est à la fête mais cela cache quelque chose. L’année est 1971 et deux d’entre eux ont reçu leur affectation pour le Vietnam. Derrière eux, il y a leur jeunesse…devant eux se profile un avenir incertain. Selon la formule consacrée, plus rien ne sera jamais pareil…leur amitié (ils ont baptisé leur clique les Groovers), la manière dont ils mènent leur vie, leur vision de ce que le futur leur réserve…

Il y a le flamboyant Gardner, le ciment du groupe. Beau, flamboyant, le regard toujours porté vers la prochaine aventure, le « privilège de la jeunesse ». Campé par un charismatique Kevin Costner dans un de ses premiers grands rôles, Gardner cache des fêlures, des opportunités manquées sous des abords lumineux, avec son sourire irrésistible. Son pote Kenneth (Sam Robards) a renoncé à son mariage après avoir appris qu’il était bon pour le service. Mais est-il vraiment prêt à rejeter l’amour de sa vie ? À première vue, Phil (joué par Judd Nelson, vu la même année dans le Breakfast Club de John Hughes) est le moins cool de la bande. Contrairement aux autres, il est persuadé du bien-fondé de l’action de son pays au Vietnam et il fait même partie de la Réserve.

 

 

Cette fine équipe est complétée par deux jeunes hommes de peu de mots. Si on entend (quasiment) jamais Lester, c’est parce qu’il cuve une cuite monumentale, ce qui donne un savoureux gag récurrent qui voit l’ado être transporté tout au long du périple par Dorman, colosse laconique qui a toujours un livre à la main…Hesse, Sartre, Khalil Gibran et même un numéro de The Incredible Hulk. La dynamique au sein des Groovers est jubilatoire et fait passer par toutes les émotions.

Car Fandango vaut mieux que son stupide titre français à la American Pie. Par certains aspects, le premier long métrage de Kevin Reynolds (La Bête de GuerreRobin des Bois prince des voleurs…) tient du feel-good movie. Des scènes comme celle du cimetière, du saut en parachute et de l’organisation du mariage dans le dernier acte (qui rappelle le conte traditionnel de la soupe de pierres) alternent humour cartoonesque, délirant (avec des personnages pittoresques, tel le pilote de l’avion) et malicieux…mais le « vrai monde », celui auquel ils essayent d’échapper le temps d’un week-end, se rappellera toujours à eux au détour d’un plan à forte teneur symbolique.

 

 

 

Fandango est un très beau film sur l’amitié, drôle, enthousiasmant, mais aussi mélancolique sans verser dans le mélodrame. Pétri de bonnes idées (ah, ce fandango sous le ciel du Texas) et de très jolis plans (le dernier est superbe…et marqué par l’incertitude). Mais sa sortie a été sabordée par son producteur, un certain Steven Spielberg. C’est Steven Spielberg qui a permis à Kevin Reynolds de réaliser son premier long métrage après avoir vu son court métrage d’étudiant Proof…mais il a fini par retirer son nom du générique parce qu’il a été déçu par le résultat final (sa boîte de production, Amblin, et ses collaborateurs Frank Marshall et Kathleen Kennedy sont crédités). Fandango n’a pas reçu de promotion et n’a pu avoir qu’une sortie très limitée, avant d’être redécouvert grâce à la vidéo et à la télévision et d’acquérir un petit statut culte.

Kevin Reynolds et Kevin Costner se sont ensuite régulièrement retrouvés sur les plateaux de tournage (Robin des Bois Prince des voleursDanse avec les loupsWaterworld…), pour des relations de travail pas toujours au beau fixe. Mais comme on dit, ceci est une autre histoire…

 

 

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