Retour vers le passé : Le Maître du Monde (1961)

 

REALISATEUR

William Witney

SCENARISTE

Richard Matheson, d’après l’oeuvre de Jules Verne

DISTRIBUTION

Vincent Price, Charles Bronson, Henry Hull, Mary Webster, David Frankham, Richard Harrison…

INFOS

Long métrage américain
Genre : aventures
Titre original : Master of the World
Année de production : 1961

Dans les années 50/60, tous les studios hollywoodiens voulaient leur adaptation de Jules Verne. Par exemple, Disney avait 20.000 Lieues sous les MersUnited Artists avait Le Tour du Monde en 80 jours, la FOX avait Voyage au centre de la Terre (pour ne citer que quelques titres). Mais il n’y a pas que les gros studios qui ont suivi la vague, des petites structures indépendantes ont aussi proposé leur vision de l’oeuvre de l’écrivain nantais. Ainsi la American-International Pictures de James H. Nicholson et Samuel Z. Arkoff (pour laquelle travaillait régulièrement Roger Corman), spécialisée dans les séries B, a sorti en 1961 ce Maître du Monde, inspiré par les romans Robur le Conquérant et Maître du Monde.

Pour résumer, Robur, créé en 1886, est le « Maître des Airs », là où le capitaine Nemo est le « Maître des Mers ». Ce n’est pas la seule comparaison avec 20.000 Lieues sous les mers car la structure du film de William Witney rappelle celle de celui de Richard Fleisher (c’est peut-être aussi le cas des romans mais je ne les ai pas lus) en suivant les aventures d’un petit groupe embarqué contre son gré à bord de l’Albatros, la machine volante de Robur. C’est là qu’ils apprennent le véritable but de leur « hôte » : pacifier le monde en détruisant les armées de chaque nation…

 

 

Dans le rôle de cet inventeur de génie dont le pacifisme tourne au fanatisme, le grand Vincent Price livre comme souvent une savoureuse interprétation qui souligne bien les contradictions du personnage. Les héros aussi n’ont pas qu’une seule facette : Prudent (Henry Hull) a gagné des millions en vendant des armes, son assistant Phillip Evans (David Frankham) se rendra coupable de décisions regrettables dictées par sa jalousie car sa fiancée Dorothy Prudent (Mary Webster) va tomber amoureuse de l’agent du gouvernement John Strock, campé par Charles Bronson.

Au début des années 60, Bronson n’était pas encore une star (ça viendra à partir de sa carrière européenne lancée par Il était une fois dans l’Ouest en 1968) et il enchaînait les apparitions à la télévision et dans des séries B. Avec son côté manipulateur et intrigant, son John Strock détonne par rapport à ses autres rôles…mais pour ce qui est du jeu, Bronson restera toujours Bronson, tout en retenue…en portant cette fois une seyante marinière à la Jean-Paul Gautier…

 

 

Scénarisé par Richard Matheson (L’Homme qui rétrécit), Le Maître du Monde est un bon petit film d’aventures au charme suranné porté par une sympathique distribution (les quelques tentatives d’humour avec le caricatural cuisinier sont juste un peu trop lourdingues). Au niveau des effets spéciaux, le film est limité par son faible budget : si la maquette de l’Albatros est chouette, les transparences sont médiocres et toutes les scènes d’action sont des stock-shots piqués à des vieux films (comme Les quatre plumes blanches de Zoltan Korda). Mais le réalisateur William Witney, vieux routier des serials (on lui doit notamment ceux de Captain Marvel et de Dick Tracy) emballe le tout avec efficacité.

American-International Pictures avait prévu une suite, en commandant des illustrations de pré-production, mais l’échec au box-office du Maître du Monde en a décidé autrement.

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