Retour vers le passé : Modesty Blaise (1966)

 

REALISATEUR

Joseph Losey

SCENARISTES

Evan Jones, Peter O’Donnell et Stanley Dubens, d’après les personnages créés par Peter O’Donnell et Jim Holdaway

DISTRIBUTION

Monica Vitti, Terence Stamp, Dirk Bogarde, Clive Revill…

INFOS

Long métrage britannique
Genre : aventures/comédie
Année de production : 1966

Créé en 1963 par le scénariste Peter O’Donnell et le dessinateur Jim Holdaway, Modesty Blaise est un comic-strip qui suit les aventures d’une jeune femme aux nombreux talents, aventurière au passé criminel (je reprends la description trouvée sur le net, je n’ai jamais lu cette bande dessinée), et de son fidèle partenaire Willie Garvin. Le strip s’est vite montré assez populaire pour intéresser le grand écran. Le premier film prévu aurait vu Barbara Steele (Le Masque du Démon) incarner Modesty Blaise et Michael Caine était pressenti pour jouer Willie. Mais le détenteur des droits cinématographiques a fini par les vendre à un autre producteur qui a proposé le projet au réalisateur Joseph Losey.

Connu jusque là pour des films plus « sérieux » comme EvaThe Servant et Pour L’Exemple, Joseph Losey a vu avec Modesty Blaise l’occasion de changer de style et de concocter un délire pop-art pour surfer sur la mode des parodies de films d’espionnage qui a suivi le succès de James Bond. Une vision qui est entrée en conflit avec celle de Peter O’Donnell, le créateur du personnage, dont le premier scénario était plus dans le ton de son comic-strip. Le script a alors été complètement réécrit pour lui donner une orientation volontairement plus campy, comme disent les anglo-saxons.

 

 

L’intrigue alambiquée, qui tourne autour de diamants particulièrement convoités, est presque accessoire dans ce film un peu trop maniéré qui privilégie la forme (beaux décors et costumes, images flashy, très swinging sixties dans l’esprit…) sans se préoccuper de donner de la substance à ses protagonistes et au monde dans lequel ils évoluent. Il y a de bonnes idées dans Modesty Blaise, quelques gags sympathiques (notamment ceux qui font référence à la BD) mais qui auraient pu être plus percutants car la réalisation manque vraiment de folie. Joseph Losey ne se montre pas à l’aise avec le sujet et peine à trouver le bon équilibre (beaucoup de ses tentatives fantaisistes sonnent faux) pour un résultat inégal et très, très long (les presque deux heures ont eu du mal à passer)…

L’italienne Monica Vitti, égérie de Michelango Antonioni, ne m’a pas convaincu dans le rôle principal. En Willie Garvin, Terence Stamp a toujours sa classe naturelle (quel acteur charismatique !) mais comme d’autres éléments du film, son personnage reste creux. Acteur fétiche de Joseph Losey, Dirk Bogarde a l’air de s’ennuyer en vilain emperruqué. Il y a tout de même quelques bons seconds rôles, comme Harry Andrews en chef des services secrets britanniques et Clive Revill qui joue à la fois le comptable écossais du méchant et sous un épais maquillage, le Sheik Abu Tahir, mentor et père adoptif de Modesty Blaise.

 

 

Suite à ce joli loupé, Peter O’Donnell a écrit un roman Modesty Blaise basé sur son scénario et qui a eu assez de succès pour être suivi par une dizaine d’autres (le bouquin a même été adapté en comic-book chez DC dans les années 90). Son héroïne a retrouvé par deux fois le chemin des écrans, mais de manière anonyme : un pilote de série TV avortée en 1982 et My Name is Modesty, un film tourné directement pour la vidéo par Scott Spiegel en 2003 et sorti sous la bannière Quentin Tarentino presents.

Un Tarantino qui a un temps caressé l’idée de tourner un long métrage Modesty Blaise sans que cela se concrétise…

 

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