Retour vers le passé : Le Faiseur d'épouvantes (1978)

 

REALISATEUR

William Girdler

SCENARISTES

William Girdler, Jon Cedar et Thomas Pope, d’après le roman de Graham Masterson

DISTRIBUTION

Tony Curtis, Michael Ansara, Susan Strasberg, Stella Stevens, Jon Cedar, Burgess Meredith…

INFOS

Long métrage américain/canadien
Titre original : The Manitou
Genre : horreur
Année de production : 1978

Après avoir surfé sur la vague du succès des Dents de la Mer avec son sympathique Grizzly, le Monstre de la Forêt, William Girdler a signé ce qui reste à ce jour la seule adaptation cinématographique d’un roman du pourtant prolifique Graham Masterson, The Manitou ou Le Faiseur d’épouvantes en version française. The Manitou est également le dernier long métrage de son réalisateur, décédé prématurément à l’âge de 30 ans dans un accident d’hélicoptère alors qu’il était en plein repérage pour son film suivant. Le Faiseur d’épouvantes fait partie de cette série de longs métrages qui ont traité du sujet de la possession suite au traumatisme causé par L’Exorciste…mais ici le traitement diffère complètement (c’est le moins qu’on puisse dire) de l’approche de William Friedkin même si on retrouve un point commun, l’opposition science/surnaturel.

La nature du « démon » change également de ce qu’on a l’habitude de voir dans ce genre de récit puisqu’il s’agit d’un maléfique sorcier indien qui cherche à se réincarner par l’intermédiaire d’une tumeur qui pousse tel un foetus (!) dans le dos de Karen Tandy, une femme incarnée par Susan Strasberg (vue notamment dans The Trip de Roger Corman). Les médecins tentent de sauver Karen en procédant à l’ablation de l’excroissance. Mais Misquamacus, l’« homme-médecine » en question, ne se laisse pas faire et l’hôpital devient alors la proie d’étranges incidents…

 

 

Pour l’aider, Karen peut compter sur l’homme qu’elle aime, Harry Erskine, héros régulier de Masterson (il y a plusieurs romans Manitou). Erskine est un faux médium, un escroc charmant qui va se rendre compte que le paranormal ne sert pas qu’à escroquer de riches vieilles dames. Le personnage est campé par un Tony Curtis qui a souvent l’air en total décalage (très camp, comme disent les américains) avec l’histoire racontée. Plus solide (et plus sobre aussi) est Michael Ansara (déjà dirigé par William Girdler dans Day of the Animals) dans le rôle du shaman John Singing Rock…

Dans un petit rôle, on reconnaît aussi Burgess Meredith (le Pingouin dans Batman, l’entraîneur Mickey dans Rocky…) venu cachetonner le temps d’une poignée de scènes en professeur spécialisé dans tout ce qui est folklore et légendes amérindiennes, le genre de personnage dont la fonction est d’éclairer les héros sur la marche à suivre avant de revenir à ses livres poussiéreux (j’adore le décor de son grenier tapissé de toiles d’araignées, avec tous ses documents et aussi quelques vieux comics d’horreur de DC…cool, le prof…).

 

 

Le Faiseur d’épouvantes manque souvent de nervosité…mais pas de générosité. Le problème étant que William Girdler n’a pas vraiment eu les moyens de ses ambitions. Car pour quelques scènes réussies (l’apparition de Misquamacus dans une séance de spiritisme à l’ambiance soignée; celle de l’« accouchement » qui fonctionne tout de même malgré son côté absurde), il y en a aussi qui flirtent avec le nanar comme la possession de la cliente d’Harry (gros moment de comique involontaire) et cet hallucinant final à base d’effets optiques qui n’ont pas résisté à l’épreuve du temps.

Mais malgré ses défauts et ses aspects les plus grotesques, Le Faiseur d’épouvantes se laisse regarder sans déplaisir. Car c’est dans la démonstration de ses idées les plus dingues qu’il devient divertissant (et le dernier acte dans l’hôpital en regorge)…

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