Retour vers le passé : Les Inassouvies (1970)

 

REALISATEUR

Jess Franco

SCENARISTE

Harry Alan Towers, d’après le Marquis de Sade

DISTRIBUTION

Marie Liljedahl, Maria Rohm, Jack Taylor, Paul Muller, Christopher Lee…

INFOS

Long métrage espagnol/allemand/britannique
Genre : drame/horreur/érotique
Titre original : De Sade 70
Année de production : 1970

Grand lecteur du Marquis de Sade, Jesus « Jess » Franco, qui tournait plus vite que son ombre, a réalisé trois longs métrages inspirés par les écrits du français entre 1969 et 1970 : Les Infortunes de la Vertu (avec Klaus Kinski dans le rôle du Marquis), Les Inassouvies et Eugénie (tourné en 1970 et sorti en 1973…et souvent confondu avec Les Inassouvies à cause du titre U.S. de ce dernier, Eugenie… the Story of Her Journey Into Perversion). Les Inassouvies est une libre adaptation moderne de La Philosophie dans le Boudoir (1795), l’histoire de l’éducation sexuelle d’une fille de 15 ans par une libertine.

Dans la version de Franco, Eugénie de Mistival vient d’avoir 18 ans (elle est jouée par Marie Liljedahl, une actrice suédoise à la courte carrière). La jeune fille s’ennuie, entre une mère stricte et un père qui délaisse régulièrement le foyer pour retrouver sa maîtresse, la riche Madame Saint-Ange (la très belle Maria Rohm, qui faisait alors partie des actrices fétiches de Franco). Après leurs derniers ébats, celle-ci parvient à convaincre Mr de Mistival (Paul Muller, autre acteur régulier de l’espagnol) de lui confier sa fille pour un week-end sur son île paradisiaque, afin de s’occuper de son éducation…« sentimentale »…

 

 

Sur place, la jeune femme rencontre Mirvel (Jack Taylor, le « plus espagnol des acteurs américains », lui aussi souvent dirigé par Franco), le demi-frère de Madame Saint-Ange, et le personnel, le jardinier Augustin et la gouvernante sourde-muette Thérèse. Madame Saint-Ange initie Eugénie aux plaisirs de l’amour saphique, toujours surveillés de près par Mirvel. Mais Eugénie ne se doute pas de la perversité de ses hôtes à la relation incestueuse, membres d’une secte d’adorateurs du Marquis de Sade, dont le but est de corrompre l’innocence…

Visuellement, Les Inassouvies est un film plus soigné qu’une grande partie de la production de Jess Franco (peut-être y a t-il eu un budget un chouïa plus important alloué par le producteur et scénariste Harry Alan Towers). La photographie est souvent très belle, mettant en valeur les décors et la beauté des actrices. L’érotisme est troublant, avant de verser progressivement dans un certain malaise. Le rythme toujours aussi particulier est encore une fois un élément important de l’atmosphère de cette rêverie sensuelle et cauchemardesque.

 

 

Mais Franco étant Franco, on retrouve encore une fois ici certaines de ses marques de fabrique, comme des plans composés assez bizarrement et des effets de flous répétés qui donnent souvent l’impression qu’il a oublié de faire le point (ou que j’ai oublié de mettre mes lunettes). La fin entretient également (et inutilement) une certaine confusion, le film aurait du s’arrêter quelques secondes plus tôt…

Dans le petit rôle de Dolmance, leader de la secte de Sade, Christopher Lee impose sa présence et son charisme naturel et éclipse le reste du casting les quelques minutes où il apparaît à l’écran en déclamant les mots du Marquis. Mais selon son témoignage, il ne fut présent que deux jours sur le tournage et ne s’est rendu compte de la présence de scènes érotiques qu’en regardant le film. Après cette expérience, Christopher Lee a attendu presque 20 ans pour accepter de tourner à nouveau sous la direction de Jess Franco.

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