Retour vers le passé : Cabal (1990)

 

Horreur
Long métrage américain
Ecrit et réalisé par Clive Barker, d’après son roman
Avec Craig Sheffer, David Cronenberg, Anne Bobby, Charles Haid, Doug Bradley…
Titre original : Nightbreed
Année de production : 1990

Romancier, dramaturge, scénariste de bandes dessinées, peintre, le britannique Clive Barker est également passé derrière la caméra pour mettre en scène des adaptations de ses propres histoires. Ce qui n’est arrivé que trois fois car après la révélation Hellraiser, petit film d’horreur indépendant qui a connu un joli succès financier en 1987, il s’est heurté à l’incompréhension des studios pour ses projets suivants, Cabal et Le Maître des Illusions, deux expériences qui ont contribué au fait qu’il n’a plus signé de longs métrages depuis le milieu des années 90.

Le roman Cabal est sorti en 1988, expression de la passion de Clive Barker pour les monstres et son désir de créer un nouvel univers en développant une véritable mythologie. Il a tout de suite vu le potentiel pour un film à peine l’écriture terminée et la négociations des droits s’est faite rapidement, Clive Barker travaillant pour la première fois avec une maison de production et un studio américain, Morgan Creek et la 20th Century Fox…qui n’ont absolument pas compris Cabal, en imposant un changement de titre (Nightbreed), un remontage et en sabordant sa promotion.

 

 

L’histoire reste fidèle à celle du roman…celle de Boone, un jeune homme en marge de la société rêvant chaque nuit d’une communauté de créatures, Midian (lieu biblique). Il se confie à son psychiatre Phillip Decker, en fait un serial-killer qui veut se servir de lui comme bouc-émissaire de ses propres crimes. Après avoir été manipulé par Decker, Boone est abattu alors qu’il avait enfin trouvé Midian. Ressuscité par la magie de l’endroit, Boone se réfugie dans les profondeurs de Midian…mais l’enquête de sa petite amie Lorie va attirer des monstres très humains, semant les graines d’un conflit sanglant…

Vu sa production troublée, Cabal est un long métrage aussi fascinant qu’imparfait. Fascinant par son atmosphère particulière (notamment entretenu par les matte-paintings de Ralph McQuarrie qui ont donné un caractère surréel au cimetière de Midian); par la description de cet autre monde qui se cache sous le nôtre; par ses visuels forts (comme ce flashback qui renvoie à l’Inquisition); par cet impressionnant travail de maquillage et les designs très variés des habitants de Midian; par celui qui demeure le plus grand monstre de tous, la mort personnifiée, le docteur Phillip Decker campé par un David Cronenberg inquiétant de froideur (et qui en profitait pour travailler sur le scénario du Festin Nu entre deux scènes).

 

 

Les coups de ciseaux de la production ont tout de même réduit le potentiel de l’ensemble, de nombreux habitants de Midian n’apparaissant qu’une poignée de secondes à l’écran et des ellipses rendant certaines scènes nébuleuses (les visites de Boone au mystérieux Baphomet par exemple). La bataille finale est aussi généreuse en action qu’un poil chaotique. Je précise que je n’ai vu que le montage de 102 minutes sorti au cinéma en 1990 et je ne sais donc pas ce qu’ont pu apporter les director’s cut disponibles ces dernières années.

Mais même si je vois maintenant plus les défauts que lorsque j’ai découvert le film quand j’étais adolescent, je revois toujours Cabal avec plaisir tant l’efficacité de ses meilleurs moments l’emporte sur le reste. Clive Barker avait des plans pour poursuivre son histoire, mais il en est finalement resté à cette fin ouverte, aussi bien à l’écrit qu’à l’écran, accentuant ainsi l’incertitude du sort des gens de Midian et leur résistance face à l’intolérance. Ce sont d’autres auteurs qui se sont chargés d’imaginer une suite en comic-book, chez Marvel/Epic et Boom! Studios.

Commentaires (0)