Retour vers le passé : Cérémonie Sanglante (1973)

 

Horreur
Long métrage espagnol/italien
Réalisé par Jorge Grau
Scénarisé par Juan Tebar et Sandro Continenza, d’après une histoire de Jorge Grau
Avec Lucia Bose, Espartaco Santoni, Ewa Aulin…
Titre original : Ceremonia sangrienta
Année de production : 1973

Née en 1560 et décédée en 1614, la comtesse hongroise Élisabeth Báthory est à l’origine de nombreuses légendes…et dans les plus célèbres, elle est représentée se baignant dans le sang de ses victimes, s’assurant ainsi de conserver sa jeunesse et sa beauté. Dans la réalité, celle qui a été notamment surnommée la « Comtesse Sanglante » a été accusée de nombreuses atrocités, tortures et meurtres de jeunes filles dont la véracité a été remise en cause par des historiens compte tenu des méthodes d’interrogatoires de l’époque.

Elisabeth Bathory a régulièrement inspiré les auteurs, sur tous les supports (cinéma, bande dessinée, romans, théâtre, musique et même jeux vidéos). L’aspect surnaturel est le plus souvent adopté mais il y a aussi des exemples où l’angle abordé se rapproche d’une exploration historique du récit, même romancée comme dans ce Cérémonie Sanglante que l’on doit à Jorge Grau, qui signa l’année suivante le très bon Le Massacre des Morts-Vivants.

 

 

 

La charismatique Lucia Bose (Fellini Satyricon) est la comtesse Erzebeth Bathory, qui apprend qu’elle est la descendante d’une femme qui se baignait dans le sang de vierges pour rester jeune. Triste et esseulée, elle ne supporte pas l’idée de vieillir. Elle élabore alors un plan avec son compagnon, le sadique comte Ziemmer. Elle simule la mort de Ziemmer, qui peut assassiner des jeunes femmes et récupérer leur sang en faisant passer ces meurtres pour les actes d’un vampire…

Il n’y a en fait pas trace d’un suceur de sang dans Cérémonie Sanglante…les vampires vivent seulement dans les croyances de villageois aveuglés par leurs superstitions. Ce sont les aristocrates décadents qui vampirisent donc les pauvres et se servent de l’obscurantisme pour nourrir leurs dépravations. Thème très intéressant, également illustré par les différents procès dont le déroulement et l’issue ne sont pas sans évoquer l’Inquisition (le châtiment final sur la servante de la comtesse fait son petit effet)…

 

 

 

Le rythme est lent, ce qui colle bien à l’atmosphère macabre brillamment travaillée par Jorge Grau, et si certaines ellipses peuvent dérouter, le long métrage est assez fascinant dans sa manière d’utiliser l’imagerie du cinéma gothique popularisée entre autres par la Hammer pour détourner en quelque sorte les passages obligés du genre afin de servir son propos. Visuellement, Cérémonie Sanglante est soigné, la photographie est de qualité et les plans minutieusement composés.

Aux côtés de Lucia Bose, Espartaco Santoni (Goldface, il Fantastico Superman) affiche une solide présence en notable violent et faux vampire. L’autre atout charme est la troublante suédoise Ewa Aulin, révélée à la fin des années 60 par La Mort a pondu un oeuf de Giulio Questi et Candy de Christian Marquand.

 

 

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