Retour vers le passé : X-Men (2000)

 

Action/fantastique
Long métrage américain
Réalisé par Bryan Singer
Scénarisé par David Hayter, d’après une histoire de Tom DeSanto et Bryan Singer
Avec Hugh Jackman, Patrick Stewart, Ian McKellen, Anna Paquin, James Marsden, Famke Janssen, Halle Berry, Bruce Davison, Rebecca Romijn, Ray Park, Tyler Mane…
Année de production : 2000

Le tournage du premier volet de la saga X-Men a débuté en septembre 1999. La fin d’un long développement qui a duré 15 ans. Dans les années 80, le duo Roy Thomas/Gerry Conway a écrit un scénario pour le studio Orion qui avait une option sur les droits cinématographiques. Suite aux problèmes financiers de OrionCarolco a récupéré le projet. James Cameron devait produire et Kathryn Bigelow réaliser. Bigelow avait également écrit un premier jet du script et pour ce qui est des acteurs, Bob Hoskins était envisagé pour Wolverine et Angela Bassett pour Tornade. Tout ceci est tombé à l’eau quand James Cameron a commencé à travailler sur son Spider-ManCarolco est passé par une banqueroute et les droits des X-Men sont alors revenus à Marvel.

Au début des années 90, le succès du dessin animé X-Men a entretenu l’intérêt de la 20th Century Fox pour une version cinématographique. La productrice Lauren Shuler Donner a acquis les droits et ce fut le début de la valse des scénaristes, de Andrew Kevin Walker à Ed Solomon en passant par Laeta Kalogridis, Michael Chabon, John Logan, James Schamus, Chistopher McQuarrie ou encore Joss Whedon. Pour la réalisation, le poste fut offert à Brett Ratner, Robert Rodriguez et Paul W.S. Anderson et c’est finalement le producteur Tom DeSanto qui a pensé que Bryan Singer, révélé par The Usual Suspects, serait un bon choix pour le ton qu’il voulait donner au long métrage.

 

 

Bryan Singer était totalement étranger aux comics et il fut d’abord réticent avant de changer d’avis lorsqu’il en a appris plus sur les principaux thèmes de la bande dessinée créée par Stan Lee et Jack Kirby en 1963. Singer est devenu officiellement le réalisateur de X-Men en 1996 et avant de se consacrer aux mutants, il a d’abord tenu à réaliser son adaptation de la novella de Stephen King Un Elève Doué, un tournage sur lequel il a rencontré Ian McKellen, à qui il a confié le rôle de Magneto. Activiste pour les droits des homosexuels, McKellen s’est reconnu dans l’allégorie mutante mais il a failli y avoir un problème d’emploi du temps car l’acteur a été engagé pour jouer Gandalf à la même période. Bryan Singer a donc modifié le planning de tournage pour que McKellen finisse à temps pour se rendre en Nouvelle-Zélande en janvier 2000 (la production de X-Men s’est terminée en mars 2000).

D’après les crédits, le scénario final a été écrit par David Hayter, d’après une histoire de Tom DeSanto et Bryan Singer, ce qui n’est bien évidemment pas totalement vrai. Alors assistant de Bryan Singer, David Hayter (également acteur) a apporté sa contribution tout en gardant des éléments des réécritures de Ed Solomon et Christopher McQuarrie et même deux répliques de Joss Whedon. Du 55/45% en faveur de Hayter, d’après l’intéressé…même si certaines sources prétendent le contraire…

 

 

Malgré les bons résultats de Blade, le long métrage qui a marqué les véritables débuts de Marvel sur grand écran, la FOX n’était pas encore prête à investir un budget digne d’un blockbuster (les comic-books movies souffraient encore de la mauvaise réputation de Batman & Robin, sorti deux ans plus tôt). Le studio a donc dépensé 75 millions de dollars pour X-Men, ce qui était tout de même assez « léger » pour un film d’équipe. De nombreuses idées ont donc été abandonnées pour un récit qui va droit à l’essentiel, rapide dans sa présentation des personnages et des enjeux. Le prologue à Auschwitz n’a rien perdu de sa force et l’exposition de la situation mutante au Congrès par le sénateur Robert Kelly (très bon Bruce Davison) rappelle les heures sombres du maccarthysme.

La découverte de l’école du Professeur Xavier se fait par les yeux de Wolverine, dans une structure qui rappelle un peu le premier épisode du dessin animé (dans lequel la nouvelle venue était Jubilee). Là aussi, le montage fait que les informations sont donnée sur un bon rythme. Engagé après la blessure de l’écossais Dougray Scott, Hugh Jackman a, de son propre avis, mis un peu de temps pour se sentir à l’aise dans le rôle mais dès le début, je l’ai trouvé bon dans l’expression des différentes facettes de Logan (dès mon premier visionnage, j’ai vite oublié qu’il était plus beau et plus grand que le nabot griffu)…et il allait encore s’améliorer…

Il n’est pas toujours facile d’équilibrer la distribution d’un film choral et cela se vérifie encore ici. Du côté des héros, Wolverine, Malicia (en protégée de Logan, elle remplit la fonction d’héroïnes comme Kitty Pryde et Jubilee), le professeur Xavier (impeccable Patrick Stewart) et Jean Grey (Famke Janssen) sont un peu plus mis en avant que Cyclope (souvent en retrait, James Marsden est tout de même fidèle aux caractéristiques de Scott Summers) et Tornade (Halle Berry pas encore totalement convaincante dans ce premier opus). Pour ce qui est de la Confrérie de Magneto, Dents-de-Sabre (Tyler Mane) et le Crapaud (Ray Park) font un peu cheap. Seule Rebecca Romijn en Mystique bénéficie d’apparitions plus marquantes mais sa caractérisation est (très) limitée.

 

 

Malgré ces réserves (auxquelles j’ajoute un plan de Magneto que l’on dirait tout droit sorti d’un comic-book des sixties), l’univers est bien présenté…comme je le soulignais plus haut, c’est rapide et les petites péripéties préparent bien au dernier acte. Les quelques scènes d’action manquent de punch mais la première sortie des X-Men en tant qu’équipe reste divertissante, notamment grâce à ces petits passages où Logan et Scott s’asticotent. Ca reste dans la tradition de la bande dessinée même si les premiers films ont perdu le côté coloré des costumes par exemple…

Tourné pour 75 millions de dollars, X-Men en a récolté presque 300 millions. Un succès qui a lancé la franchise, la FOX mettant alors plus d’argent pour la suite sortie en 2003. À noter que le comportement problématique de Bryan Singer (retards, accès de colère et autres), bien documenté maintenant, a commencé dès le premier film. Pour s’assurer que Singer soit « recadré », la productrice Lauren Shuler Donner avait alors envoyé sur le tournage son assistant, un certain Kevin Feige…

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